Violences sexuelles : la Ciivise veut associer les jeunes dans ses travaux pour améliorer la prévention contre l'inceste
Donner la parole aux enfants et aux adolescents : la nouvelle direction de la Ciivise, la Commission indépendante sur l'inceste, a dévoilé vendredi 4 octobre sa nouvelle feuille de route. Alors que sous la présidence du juge Edouard Durand, plus de 30 000 témoignages d'adultes victimes dans leur enfance avaient été recueillies, cette fois l'accent sera mis sur les plus jeunes, qui seront directement mis à contribution.
Pas question de faire des grandes réunions publiques comme c'était le cas jusqu'ici, pas question non plus d'aller recueillir la parole d'enfants victimes. Ce n'est pas le but en tout cas. L'idée est plutôt d'associer les plus jeunes pour élaborer des outils de prévention et de prise en charge des victimes de violences sexuelles, notamment sur des sujets difficilement accessibles aux adultes, explique Thierry Baubet, psychiatre et membre du collège directeur de la Ciivise : "Une question qui nous soucie beaucoup, c'est la question des révélations de violences entre pairs : une petite fille, un garçon ou un ado va dire à son copain : 'Mon père me fait ça'. Qu'est-ce qu'il se passe quand ça survient ?, interroge-t-il. Est-ce que ça arrive fréquemment ?"
"Et est-ce que les jeunes se sentent correctement outillés pour y faire face ?"
Thierry Baubet, psychiatre et membre de la Ciiviseà franceinfo
La question de la pédocriminalité sur internet sera aussi abordée, un phénomène de plus en plus préoccupant qui touche les enfants dès l'âge de 6 ans. Ces jeunes vont être associés sur trois formats différents. D'abord, et c'est sans doute le plus innovant, dans un groupe miroir, une équipe composée d'une quinzaine d'adolescents déjà habitués au travail associatif et à la prise de parole. Eux travailleront sur le long terme avec les membres de la Ciivise.
Déplacements dans les écoles
La commission se déplacera aussi dans des écoles et dans des villes pour rencontrer des élèves du primaire et du secondaire dans des ateliers participatifs un peu partout en France, à partir de janvier. Le dernier dispositif, lui, est un peu plus spécifique : une étude en partenariat avec la Sorbonne. "C'est un travail de recherche, décrit Solène Podevin-Favre, l'une des codirectrices de la Ciivise, en interrogeant des enfants qui ont pu être victimes, non pas sur leur vécu traumatique, mais plutôt sur tout le parcours après la révélation et l'accompagnement qu'ils ont pu recevoir de la part de la société. Que ce soit au niveau médical, judiciaire, éducatif, etc."
Des projets qui sont déjà financés, précise la Ciivise, et ce n'est pas un détail, puisque cette nouvelle équipe dispose d'un budget annuel deux fois moins important que ses prédécesseurs.
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