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Violences sexuelles : les femmes sont les premières victimes durant l'enfance et l'adolescence

Une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) s'intéresse aux violences sexuelles subies durant l'enfance et l'adolescence. L'enquête confirme notamment que tous les milieux sociaux sont concernés.
Article rédigé par franceinfo
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Un tag lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes. (photo d'illustration) (DENIS MEYER / HANS LUCAS)

Dans une enquête inédite de l'Ined publiée ce mercredi et que franceinfo a pu consulter, l'Institut national d'études démographiques dévoile qu'en matière de violences sexuelles les femmes sont les premières victimes. Elles sont "surexposées aux violences sexuelles durant l'enfance et l'adolescence".

Selon cette enquête, "les violences sexuelles y compris non familiales" avant 18 ans, "concernent 13% des femmes et 5,5% des hommes". Cette étude confirme que les violences sexuelles touchent tous les milieux sociaux. Ainsi "les femmes dont le père est cadre supérieur sont 13,4% à rapporter de telles violences", à l'âge de 15 ans. Elles sont 12,2% quand le père est ouvrier contre respectivement 5,8% et 5,1% pour les hommes victimes de violences sexuelles. Ces agressions sexuelles "ont massivement lieu dans l'entourage familial", indique l'Ined.

Des agressions commises la plupart du temps par un membre de la famille

Parmi les personnes qui ont fait état de ces violences avant l'âge de 18 ans, "35,7% des femmes indiquent qu'il s'agissait d'un membre de leur famille contre 21,6% des hommes". Dans près de 97% des cas, ces agressions sexuelles commises par un membre de la famille, contre une fille, l'ont été par des hommes. Ce chiffre est de 89,7% quand la victime est un jeune garçon.

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"Plus de la moitié des femmes avaient moins de 11 ans lors de la première agression sexuelle lorsque l'auteur était un membre ou un ami de la famille", selon les témoignages recueillis dans le cadre de cette enquête. Ces agressions sont commises principalement par le père ou le beau-père quand il s'agit de jeunes filles et par les frères quand il s'agit de jeunes garçons.

La difficulté de parler

L'enquête montre que c'est "une parole qui reste difficile" à délivrer pour les victimes mais on observe une fréquence plus élevée de déclarations chez les jeunes générations. "C'est le cas de 59,6% des femmes et 52,2% des hommes de 18 à 24 ans contre 42,4% des femmes et 25% des hommes de plus de 60 ans". Et lorsque les victimes parlent c'est le plus souvent à leurs proches qu'elles se confient.

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L'étude montre que "la propension à en parler est toujours plus élevée chez les femmes que chez les hommes". Selon cette enquête il est "indispensable de favoriser à la fois la parole et l'écoute, mais aussi d'assurer aux plus jeunes un accès facilité à d'autres personnes que celles de leur entourage familial afin d'améliorer la prise en charge des personnes concernées". Si les femmes se confient plus facilement elles sont moins en confiance quand il s'agit de se confier aux représentants de la police ou de la justice. Elles sont méfiantes vis-a-vis d'institutions perçues comme n'étant pas à l'écoute de leur parole.

Méthodologie : Cette étude inédite dévoilée par l'Ined s'appuie sur les données de l'enquête de l'Inserm faite en 2021 sur les violences sexuelles à la demande de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (enquête menée du 25 novembre 2020 eu 28 janvier 2021). 28 011 questionnaires ont été pris en compte.

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