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Reportage "Pas facile à vivre de tout le temps se faire insulter": pour lutter contre l'homophobie, des militants font de la prévention en milieu scolaire

Une marche blanche a lieu dimanche en mémoire de Lucas, âgé de 13 ans, qui a mis fin à ses jours début janvier, après des mois de harcèlement lié à son orientation sexuelle. Pour parler et écouter les jeunes à propos de l'homosexualité et des dangers du harcèlement, l'association SOS homophobie se rend dans des établissements scolaires. Illustration dans un collège de Montreuil.
Article rédigé par franceinfo, Alain Gastal
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une salle de classe d'un collège à Marseille, le 1er septembre 2022. (Photo d'illustration). (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

Dans cette classe de 5e à Montreuil en région parisienne, les militants de SOS Homophobie prennent d'abord le temps d'expliquer avec pédagogie et pudeur ce qu'est l'homosexualité, à partir des mots représentés par les initiales LGBT. Le débat porte ensuite sur le sort des minorités qui peuvent être l'objet de moqueries ou encore de mises à l'écart. Viennent ensuite les questions directes posées aux collégiens réunis en cercle. Et si ton meilleur ou ta meilleure amie te parle de ses penchants homosexuels ? interrogent les militants. S'ils te disent être victimes de harcèlement ? Si tu surprenais deux homosexuels qui s'embrassent ?  

"C'est sa vie, elle fait ce qu'elle veut"

"Non, ça ne me dérangerait absolument pas d'avoir une amie lesbienne, répond une collégienne. Si je vois quelqu'un qui l'embête, je vais allez lui dire, si j'ai le courage, parce que si c'est quelqu'un de plus grand que toi, ce n’est pas toujours facile." "Moi, j'irai lui dire que ça ne se fait pas [de harceler quelqu’un], reprend une autre collégienne. Si une élève me dit qu'elle est amoureuse de moi, je lui répondrai que je ne suis pas lesbienne, que j'aime déjà un garçon, mais que c'est sa vie et qu'elle fait ce qu'elle veut." "Cela ne doit pas être facile à vivre de tout le temps se faire insulter, reconnaît un élève de cette classe. Il faut essayer de le défendre."

>>> Suicide de Lucas : la difficile prise en compte du harcèlement scolaire envers les élèves LGBT+ dans les collèges

Néanmoins alors qu'une marche blanche à Épinal va rendre hommage dimanche 5 février à Lucas, ce jeune ado de 13 ans qui a mis fin à ces jours début janvier, quelque avis différents se font entendre dans cette classe de 5e de Montreuil : "Si j'apprenais que ma meilleure amie était homosexuelle, je la laisserais de côté. Je crois que je ne lui parlerai plus car je ne veux pas d'ennuis avec ma famille. Si ma mère l'apprenait, elle pourrait croire que moi aussi, je suis homosexuelle."

Quatre fois plus de tentatives de suicide chez les jeunes homosexuels

Ces propos ne surprennent pas plus que ça, Teddy qui intervient depuis trois ans auprès des jeunes et constate, malgré tout, un recul de l'homophobie. "Quand je suis arrivé dans cette association en 2019, précise le jeune homme, j'ai eu plusieurs fois des élèves qui se sont levés en disant les pédés vous me dégoutez ! Des trucs très violents. Mais je trouve que plus les années passent, moins c'est le cas". 

"On parle un peu plus de la lutte contre l'homophobie. On est beaucoup plus visibles aujourd'hui dans la société, donc il y a une bonne évolution malgré tout."

Teddy, intervenant pour l'association SOS homophobie

à franceinfo

Selon une enquête récente, toutefois, les élèves homosexuels font quatre fois plus de tentatives de suicide que leurs collègues hétéros. 

Pour lutter contre l'homophobie des militants font de la prévention en milieu scolaire - le reportage d'Alain Gastal

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