Exécutions des OQTF : "On ne tordra pas le bras" des pays d'Afrique du Nord, prévient la députée Brigitte Klinkert
Les pays d'Afrique du Nord "doivent devenir des partenaires de notre politique migratoire", estime mardi 26 novembre sur franceinfo Brigitte Klinkert, députée Ensemble pour la République du Haut-Rhin, auteure d’un rapport parlementaire portant sur la mission "Immigration, asile et intégration" du projet de loi de finances 2025. Elle y pointe "l'obtention des laissez-passer consulaires" (LPC) délivrés par le pays d’origine de la personne expulsée comme "un obstacle majeur à l'exécution des Obligations de quitter le territoire français (OQTF)" en France, "en particulier pour les personnes placées en centres de rétention administrative".
Selon son rapport, le taux d'éloignement, c'est-à-dire la part d'étrangers forcés de quitter le territoire est de 19% dans l'Union européenne et de 7,5% en France. L'absence des laissez-passer consulaires "est vraiment la raison principale", explique Brigitte Klinkert. La question des OQTF est revenue au centre de l'actualité en septembre après le meurtre de Philippine, retrouvée enterrée dans le Bois de Boulogne à Paris. Le meurtrier présumé est un Marocain soumis à une OQTF. "On ne leur tordra pas le bras. Il faut un outil de dialogue qui permette de lisser les discussions sur le sujet migratoire", assure la députée. "On a constaté, par exemple en 2021-2022, que la pression sur ces pays à travers la restriction des visas n'a pas fonctionné et, au contraire, elle a dégradé notre coopération avec les pays", explique-t-elle.
Conditionner l'aide au développement, "inefficace"
Les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie sont extrêmement tendues depuis des mois sur le sujet des visas notamment alors qu'un début de dialogue s'est opéré avec le Maroc. La députée préconise "une plateforme de dialogue politique structuré et permanent avec ces pays ". La visite d'Emmanuel Macron fin octobre au Maroc "a permis de relancer le dialogue politique et la coopération économique" et est "utile pour mieux coordonner avec le Maroc les retours des clandestins", estime Brigitte Klinkert.
La députée juge également "pas efficace" de conditionner l'aide au développement à la délivrance de laissez-passer consulaires. "On peut proposer de l'augmenter ou de la ralentir parce que la première conséquence à long terme d'un conditionnement de la délivrance du LPC, sera de dégrader les conditions économiques des pays en question et donc de susciter demain une immigration nouvelle", explique-t-elle.
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