"Il y a un devoir d'humanité qui me semble évident" : Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la collectivité de Corse, prêt à accueillir l'"Ocean Viking"
Gilles Simeoni a réitéré sa proposition d'accueillir le bateau humanitaire "Ocean Viking" et ses 234 migrants mais déclare ne pas avoir été contacté par Paris.
"On est au-delà des règles juridiques, au-delà des interprétations éventuelles, il y a un devoir d'humanité qui me semble évident", déclare Gilles Simeoni mercredi 9 novembre sur franceinfo, alors que l'"Ocean Viking" est coincé en mer avec 234 personnes migrantes à son bord. Le navire humanitaire était mercredi matin au sud de la Sicile, en train de se diriger vers la France après avoir été refusé en Italie.
Le président du Conseil exécutif de la collectivité de Corse a déclaré sur Twitter mardi 8 novembre que la Corse était "prête" à accueillir l'"Ocean Viking" "si nécessaire". Depuis cette proposition, Gilles Simeoni n'a pas été contacté par Paris. "On ne peut pas avoir 234 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, qui sont dans une situation de détresse absolue, à quelques kilomètres de nos côtes, et détourner le regard en disant ce n'est pas de notre compétence".
Conformément à sa tradition d’hospitalité et pour éviter toute perte de vie humaine, la #Corse est prête, si nécessaire, à accueillir temporairement l’#OceanViking dans l’un de ses ports.
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) November 8, 2022
Seulement pour l'instant, Gilles Simeoni constate que rien n'est fait de la part de Rome ou de Paris pour accueillir ces personnes migrantes, à cause "d'un bras de fer diplomatique. Il y a certainement normalement une obligation pour l'Italie au titre des règlements européens qui régissent la matière, d'accueillir ce bateau", rappelle le responsable politique corse. "Le problème, c'est que l'Italie ne déferre pas pour l'instant à cette obligation, que la France essaie de l'y contraindre. Ce jeu diplomatique se fait au détriment de la santé et peut-être demain, de la vie de ces personnes qui sont en état de détresse". Mercredi matin sur franceinfo, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement a redit que c'était à l'Italie d'accueillir le bateau.
Le maire de Bastia prépare déjà l'accueil des migrants, d'après Gilles Simeoni
Mercredi matin, Gilles Simeoni a parlé au préfet de Corse pour répéter sa position. "Je pense qu'il l'a comprise au moins d'un point de vue humain, d'un point de vue philosophique. Ceci étant, j'attends maintenant de savoir ce que va être la position du gouvernement français." Le président du Conseil exécutif de la collectivité de Corse indique que, déjà à Bastia, le maire est en train "de mobiliser sur place" pour "accueillir ces gens, les soigner, les aider, les accompagner".
"Qu'il y a des difficultés dans l'accueil sacrifié, que ça crée des tensions", Gilles Simeoni veut bien l'entendre. "Mais une fois qu'on a dit ça, on ne peut pas non plus oublier ce qui est constitutif de l'humanité. On ne peut pas dire : 'ce n'est pas notre problème, rentrez chez vous', à des gens qui sont dans une situation de détresse absolue, qui ont été détenus, qui se sont échappés, qui ont passé des semaines en mer et qui sont privés de tout... Ce n'est pas comme ça que je vois ni l'action politique, ni tout simplement les relations entre les femmes et les hommes".
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