Christiane Taubira et des dizaines d'autres femmes se confient à propos de l'avortement clandestin qu'elles ont subi, à l'occasion des 50 ans de la loi Veil

Cet entretien s'inscrit dans le programme "Il suffit d'écouter les femmes" de l'Institut national de l'audiovisuel, qui sera publié le 21 janvier sur son site.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Christiane Taubira, le 2 mars 2022, lors de l'annonce du retrait de sa candidature à l'élection présidentielle, à Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"On était persuadés que je ne survivrais pas." L'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira a révélé avoir subi jeune un avortement clandestin, dans un entretien à l'Institut national de l'audiovisuel (INA), dont le projet a été dévoilé jeudi 12 décembre. Son témoignage sera diffusé à l'occasion des 50 ans de la loi Veil, en janvier.

"A l'hôpital, je me souviens que le médecin me pose des questions (...) Qui vous a fait ça ? J'entends des mots, curetage, charcuterie", se rappelle l'ancienne candidate à la présidentielle, à qui il ne vient alors pas "un millième de seconde l'idée de trahir la dame".

Des témoignages de proches, de médecins…

Cet entretien s'inscrit dans le programme "Il suffit d'écouter les femmes" de l'INA, à venir en janvier. Un comité scientifique a appuyé le projet. "Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes", disait Simone Veil lorsqu'elle portait sa future loi dépénalisant l'avortement. Depuis, la France a été le premier pays au monde, en mars, à inscrire dans sa Constitution la "liberté garantie" d'accès à l'IVG.

A la suite d'un appel à témoignages sur les réseaux sociaux et dans la presse locale, l'INA a sélectionné 79 témoignages. Parmi eux, 56 femmes ayant avorté avant 1975, mais aussi des aidants, des "faiseuses d'anges", des proches ayant parfois perdu une mère ou une épouse, des médecins, un avocat et un juge d'instruction.

Un documentaire, un livre et une fiction sonore

La doyenne a 99 ans et travaillait dans une maison d'accouchement pendant la Seconde Guerre mondiale, où les femmes aisées de Tours venaient avorter. La benjamine a 70 ans et a avorté lorsqu'elle était lycéenne, avec l'aide de son compagnon. L'écrivaine et prix Nobel de littérature Annie Ernaux, qui a raconté son expérience traumatisante dans les années 1960 dans L'Evénement, se livre aussi.

L'INA diffusera ces témoignages à partir du 21 janvier sur entretiens.ina.fr dans sa collection d'"entretiens patrimoniaux". Ils seront aussi déclinés dans un documentaire coproduit par France Télévisions et diffusé en janvier, dans un livre coédité chez Flammarion, et enfin dans une fiction sonore en cinq épisodes. Avec un "sentiment d'urgence" avant que cette parole ne s'estompe, Isabelle Foucrier, productrice à l'INA et coordinatrice du projet, a cherché à recueillir "le concret, le quotidien, le vécu ordinaire, pré-militant, de la clandestinité" des avortements avant la loi Veil, explique-t-elle.

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