Outreau : après ses deux frères, Dimitri Delay met à son tour en cause Daniel Legrand
Le jeune homme âgé de 23 ans a témoigné devant la cour d'assises des mineurs d'Ille-et-Vilaine lundi, alors que le procès entre dans sa troisième et dernière semaine.
Il n'avait pas été en état de témoigner la semaine dernière. Dimitri Delay était au rendez-vous lundi 1er juin, alors que le procès de Daniel Legrand entre dans sa troisième et dernière semaine à Rennes (Ille-et-Vilaine). Veste en cuir marron, sweat à capuche et cheveux rasés sur le côté, le jeune homme aujourd'hui âgé de 23 ans a mis en cause pour la première fois l'accusé, comme l'avaient fait ses deux frères Jonathan et Chérif la semaine précédente. Acquitté en 2005, Daniel Legrand est rejugé pour des faits qu'il aurait commis du temps de sa minorité.
>> Suivez en direct le procès de Daniel Legrand
Les dépositions des enfants de Myriam Badaoui et de Thierry Delay, tous trois parties civiles, sont assez semblables : ils conservent tous le "souvenir" d'avoir été agressés sexuellement par Daniel Legrand, sans pouvoir en dire plus. Dimitri ne s'est guère montré plus précis dans ses accusations que les "images" de Jonathan ou les "flashs" de Chérif. Répondant aux questions du président de la cour, Philippe Dary, il a assuré avoir été violé par la personne présente dans le box. En Belgique et dans l'appartement de la Tour du Renard à Outreau.
"Quand j'évoque Dany legrand, je parle de Daniel Legrand"
Le témoignage de Dimitri revêt pourtant une importance particulière : il est le seul à avoir parlé à son assistante familiale d'un "Dany legrand en Belgique", prénom et nom notés tels quels sur une feuille transmise à la justice. C'est à partir de cette déclaration de l'enfant de 8 ans qu'il était alors que Daniel Legrand père et fils ont été arrêtés en novembre 2001. Aujourd'hui, Dimitri indique que "Dany" était un surnom. Pressé de préciser son propos par les parties, il assure : "Quand j'évoque Dany legrand, je parle de Daniel Legrand. Son visage, je le connais, Dany, c'est une expression d'enfant, je sais très bien que je connais cette personne."
Peut-il dater les faits ? Comme Chérif, Dimitri les situe autour de la Coupe du monde 1998, grâce à "un sac de sport avec un oiseau dessus" qu'aurait porté Daniel Legrand la première fois qu'il l'a vu. L'un des avocats de la partie civile l'invite à en dire plus.
- Me Yves Monneris : "Combien de fois l'avez-vous vu ?
- Dimitri : Je l'ai vu plusieurs fois dans plusieurs endroits.
- Est-ce que Daniel Legrand lui-même aurait pu être malmené ? (comme l'a affirmé Chérif)
- J'ai pas le souvenir, je sais que mon père lui mettait la pression parce que c'était filmé."
Les trois hypothèses de l'avocat général
Dans le box, Daniel Legrand manifeste son incrédulité face à ce qu'il entend. Il fait non de la tête, souffle, cherche le regard de sa mère et de ses sœurs dans le public. A la machine à café, pendant une suspension d'audience, il glisse être dégoûté de s'entendre "accuser" comme ça par les trois frères. "Ils disent n'importe quoi."
Dans la salle d'audience, l'avocat général, Stéphane Cantero, a trois hypothèses. Il les avait déjà formulées auprès de Jonathan : "Soit vous dites vrai, soit vous dites faux, vous le savez et vous profitez peut-être d'une ouverture juridique pour faire condamner Daniel Legrand à tort et remettre en cause des acquittements sur un plan symbolique. Soit vous dites faux, mais vous ne mentez pas et vous êtes de bonne foi."
Dimitri ne cille pas : "Vous vous trompez." L'avocat général reformule : "Daniel Legrand, vous l'avez vu à la télé, aux procès. Est-ce que ce n'est pas possible que cela se mélange dans vos souvenirs ?" Le jeune homme reste droit dans ses bottes : "Moi, j'ai ma vérité, je sais ce que j'ai vécu, je ne reviendrai pas sur mes accusations." Daniel Legrand pourra y répondre mardi matin, avec la reprise de son interrogatoire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.