Alpes-Maritimes : une ancienne sous-préfète mise en examen pour corruption
Dominique-Claire Mallemanche et son mari ont été mis en examen pour "corruption passive" et "trafic d'influence".
Une ancienne sous-préfète de Grasse est accusée de corruption. Dominique-Claire Mallemanche, une énarque de 56 ans, a été sous-préfète dans les Alpes-Maritimes entre mars 2011 et février 2013. Elle et son mari ont été mis en examen pour "corruption passive" et "trafic d'influence", jeudi 10 octobre, d'après le procureur.
L'ex-sous-préfète de Grasse est sortie libre du tribunal, jeudi, mais sous un contrôle judiciaire strict. Elle a notamment interdiction d'entrer en contact avec son mari ou avec la troisième personne impliquée dans cette affaire, le propriétaire d'un hôtel de la région. Celui-ci était encore entendu par une juge d'instruction en fin de journée.
Que leur reproche-t-on ?
Le couple et le propriétaire du Mas d'Artigny sont au centre d'un "système de corruption", a confié une source proche de l'enquête. Les Mallemanche connaissaient de longue date Marcel-Paul Gelabert, le propriétaire d'un somptueux quatre étoiles niché sur huit hectares, sur les hauteurs boisées de La Colle-sur-Loup.
Ce dernier comptait revendre l'hôtel avec une plus-value. Mais pour que la zone devienne constructible, il fallait construire un chemin forestier pour l'accès des camions de pompiers. La sous-préfète aurait accepté, moyennant paiement, d'instruire ce dossier. L'arrêté de la préfecture des Alpes-Maritimes pour créer ce chemin a été pris en octobre 2012.
Une importante somme d'argent devait être envoyée à un tiers (prenant au passage une commission) avant de parvenir au couple, selon la source proche de l'enquête. Seulement voilà, un riverain s'est opposé à cette piste forestière, faisant suspendre le projet. Le propriétaire du Mas d'Artigny n'aurait alors pas réglé la récompense promise au couple surendetté, malgré ses réclamations.
Comment a débuté l'enquête ?
La brigade financière de la police judiciaire de Nice a mis le nez dans les affaires du couple Mallemanche à partir de l'été 2012. La sous-préfète fréquentait certains entrepreneurs "peu recommandables" des Alpes-Maritimes, le relate Nice Matin.
Plusieurs chefs d'entreprise qui avaient par exemple invité la sous-préfète à des soirées du festival de Cannes, ont estimé, dans des conversations téléphoniques, qu'ils effectuaient, en la conviant, un bon investissement pour l'avenir. D'autres cadeaux comprenaient par exemple l'aménagement, grâce à des dons, d'une oliveraie d'arbres centenaires dans le jardin de la sous-préfecture de Grasse, et à titre plus privé, des séances de spa ou des présents pour son anniversaire.
Que dit l'ancienne sous-préfète ?
Dominique-Claire Mallemanche a quitté le tribunal sans faire de commentaire. "Elle ne reconnaît rien", a précisé son avocat. Il a cependant évoqué une commission de "200 000 euros" prévue pour son mari s'il avait trouvé un acheteur pour l'hôtel de luxe. Il a écarté tout lien avec l'arrêté sur le chemin forestier.
Après son départ de Grasse, Dominique-Claire Mallemanche avait été nommée préfète de la Creuse. Mais le 28 août 2013, elle avait été placée hors cadre (sans affectation géographique) par le Conseil des ministres. Elle a exercé une grande partie de sa carrière dans le privé, notamment chez Thalès International.
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