Cinq ans de prison avec sursis pour une mère qui a tué sa fille handicapée
Le récit a, par moments, été insoutenable. Noyée de chagrin, Laurence Nait Kaoudjt a raconté comment, le 22 août 2010, elle a mis fin aux jours de sa fille Méline. "J'ai appelé ça : le grand voyage, et j'ai dit à ma fille, qui me regardait avec ses grands yeux, tu vas faire le grand voyage avec Maman".
Elle a raconté la messe, les pâtisseries, la dernière promenade avec sa grand-mère... Le somnifère et l'anti-douleur "pour qu'elle n'ait pas mal" . Et comment elle a étouffé sa fille avec une écharpe. "J'ai dit : Méline, c'est Maman qui t'aime, c'est Maman ma chérie... J'ai dit : Seigneur, prenez mon enfant".
Après, elle a préparé sa fille. "Je lui ai mis ses petits doudous qu'elle aimait (...) une croix et puis après, je l'ai embrassée, je lui ai dit que je l'aimais du fond du coeur puis je me suis occupée de moi". En l'occurence, elle a avalé un tube de Lexomil, et s'est tranché les veines. Mais elle s'est réveillée le lendemain.
"J'aurais mieux fait de mourir"
Devant la cour, elle n'a pu dire que ceci : "Même si le geste est affreux, terrible, je ne l'ai pas perçu comme ça : c'était un geste d'amour".
"Elle est coupable de ce qu'on lui reproche, un meurtre, a estimé l'avocat général dans son réquisitoire. Vous ne pouvez que la déclarer coupable" , a-t-dit à l'adresse des jurés. Si ce n'est pas le cas, "cela voudrait dire qu'un enfant handicapé n'est pas un enfant comme les autres" .
Une fois ce préalable énuméré, l'avocat général a poursuivi : "Vous devez trouver une peine d'équilibre" . Pas une peine de prison ferme, donc. "Votre peine doit être la réalité de la culpabilité. Dire : on ne tue pas" . Les jurés ont finalement suivi son réquisitoire : cinq ans de prison avec sursis
#Méline Verdict : 5 ans de prison avec sursis.
— jean philippe deniau (@jpdeniau) September 15, 2015
Après l'énoncé du verdict, Laurence Nait Kaoudjt a crié sa colère aux jurés : "J'aurais mieux fait de mourir. Vous n'avez pas de coeur, vous n'avez pas compris mon geste d'amour: si, demain, vous lisez que je me suis suicidée, je vous regarde tous dans les yeux, c'est sur votre conscience".
Son avocat, Me Dupond-Moretti, avait demandé l'acquittement "au bénéfice du cœur".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.