Clan Hamidovic : 4000 euros volés dans la semaine, "c'est bien mais il manque 1000"
Une branche du gang des "petites voleuses du métro" parisien a comparu à Paris. Récit.
En fait du quatuor convoqué, un seul membre de la tribu Hamidovic, était présent, vendredi 10 octobre au tribunal de grande instance de Paris. Accusée d'association de malfaiteurs, de traite d'êtres humains ou encore de vols en réunion et de vols aggravés, comme la plus importante partie du clan condamné en 2012, la "branche belge" du gang des "petites voleuses du métro" a esquivé l'audience. Des peines de cinq à sept ans de prison ont été requises, en attendant le jugement le 30 octobre.
Mehmet Hamidovic était le premier absent. Soupçonné d'avoir repris la tête du réseau à la place de son frère Féhim, actuellement derrière les barreaux à Fresnes, il demande, via son avocat, à être jugé en cour d'assises. L'autre cheffe de file, une de ses belles-sœur, Zurha Hamidovic, fait, elle, l'objet d'un mandat d'arrêt européen.
Quant à Djemal Cizmic, arrêté Gare de Lyon (à Paris) en 2011, en train de tabasser une mineure enceinte, car elle ne lui avait pas apporté assez d'argent - 14 000 euros en coupures de 500 - il s'est "perdu dans le tribunal en allant se laver les mains", jurent ses avocats. Libéré en janvier 2013 après deux ans de prison, "il a respecté son pointage de contrôle judiciaire", note la présidente, dubitative sur le fait qu'il abandonne les 15 000 euros de caution versée. Mais, "sur messagerie" quand ses conseils tentent de l'appeler, on ne le verra pas.
"Je reconnais qu'elle s'adonnait au vol"
Reste Fadil Zahirovic, alias Aldo Hamidovic, né le 14 juillet 1985 à Créteil (Val-de-Marne). Tout l'accable, les témoignages des "petites voleuses", au moins neuf citées, autant que les écoutes téléphoniques avec sa compagne Fikreta. "Je reconnais qu'elle s'adonnait au vol et que je tirais profit de ses activités", consent-il, la voix grave et sourde, la tête avancée vers son interprète serbo-croate, juste de l'autre côté de la vitre du box des accusés. Et de préciser : "Je ne gagnais pas assez d'argent pour vivre, elle m'apportait de l'argent, quand elle en avait envie", insiste-t-il, "200 à 300 euros par jours qu'on utilisait pour acheter à manger, le loyer, des vêtements pour (leur) enfant."
Les yeux rieurs sous d'épais sourcils noirs, il écoute la présidente égrainer les conversations téléphoniques. Le 29 mars 2010, elle a "gagné" 4 000 euros sur la semaine, mais Aldo Hamidovic estime "qu'il manque 1 000 euros". Le couple s'appelle plusieurs fois par jour. Fikreta écume le métro parisien avec des jeunes filles et rend compte précisément de son activité. Interpellée presqu'une fois tous les deux jours, elle vole de 200 à 1 000 euros par jour, tombe sur 500 dollars canadiens qu'elle sait comment changer, "tabasse Manuela qui ne sait pas travailler".
Un quotidien entre vols dans le métro et interpellations
Le 20 avril, elle confie à Aldo avoir "mal au ventre", pense être enceinte et assure qu'elle avortera "quand elle sera rentrée à la maison". Deux jours après, "il n'y a plus personne à Paris", explique-t-elle pour justifier de trop maigres recettes. Il lui suggère d'étendre son champs d'action autour de la capitale. Plus tard dans la journée, elle s'inquiète qu'il la trompe avec une autre femme.
Resté à Anvers, en Belgique, Aldo lui demande régulièrement comment elle compte acheminer l'argent, "par tranches de 1 000 ou 2 000 ?" Mais Fikreta ne veut plus transporter autant de billets dans son vagin et son anus, "ça fait trop mal". Arrêtée en avril par les douanes qui lui saisissent son argent après une fouille au corps, elle se voit ordonner de "jeter immédiatement la puce de son téléphone".
"Une entaille de 20 cm sur le bras"
"Tout ce que je peux vous dire, c'est que je savais qu'elle volait", martèle Aldo Hamidovic qui papillonne des paupières en faux incrédule, niant tout "rôle actif" dans les agissements de sa compagne. "Moi, je ne lui ai jamais dit d'aller voler, elle y allait de son propre chef." Condamnée à 30 mois de prison dans le premier procès Hamidovic, Fikreta reste impassible. Les yeux cernés, assise tête baissée dans sa doudoune à capuche sur un des bancs du public, elle paraît avoir une quinzaine d'années quand elle est censée en avoir 27.
Recueillis durant le premier volet de l'affaire, d'autres témoignages accablent Aldo. Notamment celui de Koblinka, une petite vingtaine d'années, qui affirme avoir a été battue par Aldo et son frère Pero, Gare du Nord, alors qu'elle ne leur avait pas donné assez d'argent. Blessée de plusieurs coups de couteaux, dont "une entaille de 20 cm sur le bras", dixit la présidente, elle avait dû être hospitalisée. "A quoi bon" lui montrer les photos pour voir s'il la reconnaît, Aldo "jure" que "jamais de sa vie, jamais" il n'a fait ça.
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