Les ennuis judiciaires s'accumulent pour Dieudonné
L'humoriste controversé a été mis en examen, cet été, pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux. Un nouveau démêlé avec la justice pour le polémiste, désormais habitué des tribunaux.
Fini de rire pour Dieudonné. L'humoriste polémiste a été mis en examen, cet été, pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux, annoncent des sources concordantes à l'AFP, vendredi 17 octobre. Un nouvel épisode judiciaire pour celui qui est devenu un habitué des tribunaux. Francetv info récapitule les procédures en cours.
Une mise en examen pour fraude fiscale
Qu'est-ce qui est reproché à Dieudonné ? Les enquêteurs se sont interrogés sur le patrimoine et les mouvements de fonds de l'humoriste controversé. Par exemple, plus de 400 000 euros expédiés depuis 2009 au Cameroun, pays où il a des liens familiaux, alors même que Dieudonné ne payait pas, jusque-là, ses amendes liées, notamment, à ses propos antisémites.
Les enquêteurs s'intéressaient également aux conditions dans lesquelles une entreprise gérée par sa compagne avait racheté, pour 550 000 euros, une de ses propriétés, mise aux enchères publiques forcées en raison d'une lourde dette fiscale. Après un appel aux dons, Dieudonné avait reçu près de 1 400 chèques, pour une somme d'environ 550 000 euros, selon une source proche du dossier. A la fin janvier, 650 000 euros en liquide avaient aussi été découverts à son domicile, en Eure-et-Loir : le produit de la billetterie de son spectacle, selon son avocat.
Où en est la procédure ? Après une enquête préliminaire, une information judiciaire avait été confiée début avril au juge Renaud van Ruymbeke. Dieudonné a finalement été mis en examen le 10 juillet pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux. Les faits d'organisation frauduleuse d'insolvabilité et escroquerie ont été écartés.
Un procès pour des appels aux dons contestés
Qu'est-ce qui est reproché à Dieudonné ? Condamné à plusieurs reprises par les tribunaux, notamment pour des propos antisémites, Dieudonné a, pendant longtemps, refusé de régler le montant de ses amendes. Pour les payer, l'humoriste avait pris l'habitude de mettre à contribution ses fans, via des appels aux dons. "Continuez à donner, lançait-il par exemple dans une vidéo publiée en décembre 2013, citée par Le Point. De toute façon, ce n'est pas de l'argent perdu."
Problème : une telle pratique n'est pas autorisée par la loi. Le fait "d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires" est passible de six mois d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
Où en est la procédure ? Une enquête avait été lancée après un signalement de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Dieudonné doit être jugé le 26 novembre à Paris.
Un procès après des propos sur Patrick Cohen
Qu'est-ce qui est reproché à Dieudonné ? Sur la scène de son théâtre de la Main d'Or, à Paris, Dieudonné s'en était pris, en plein spectacle, à la ministre de la Justice Christiane Taubira, avant de s'attaquer au journaliste de France Inter à Patrick Cohen. La scène avait été filmée par la caméra cachée de l'émission "Complément d'enquête", diffusée sur France 2 en décembre 2013.
"Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise", lâchait-il, avant de poursuivre : "Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... dommage." Le journaliste est dans le viseur de Dieudonné depuis qu'il a demandé en mars à Frédéric Taddeï s’il continuerait à inviter, à son émission "Ce soir ou jamais", "des personnalités telles que Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral, Marc-Edouard Nabe (...) que les autres médias n’ont pas forcément envie d’entendre".
Où en est la procédure ? Dieudonné doit comparaître le 28 janvier 2015, à Paris, pour provocation à la haine raciale.
Une enquête pour apologie d'actes de terrorisme
Qu'est-ce qui est reproché à Dieudonné ? Dans une vidéo publiée sur internet à la fin du mois d'août, Dieudonné revient sur la mort du journaliste américain James Foley, décapité par les jihadistes de l'Etat islamique.
"La décapitation, ça symbolise avant tout le progrès, l'accès à la civilisation, lance Dieudonné, comparant cette exécution à celle de Louis XVI. Je suis étonné qu'on fasse tout ce foin." Il finit par s'adresser aux parents du journaliste américain en leur expliquant que "pour progresser, on ne peut pas faire l'économie de certains sacrifices".
Où en est la procédure ? Le parquet de Paris a ouvert une enquête début septembre pour apologie d'actes de terrorisme après la diffusion de la vidéo.
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