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Procès de Montigny-lès-Metz : "Pour quelqu'un qui n'est pas concerné, Francis Heaulme est très au courant"

Le tueur en série, Francis Heaulme, est jugé depuis mardi pour le meurtre présumé de deux enfants, en 1986. Jean-François Abgrall, le gendarme qui a mené l'enquête, était l'invité de franceinfo pour évoquer la personnalité du tueur en série.

Article rédigé par franceinfo
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Francis Heaulme dessiné à son procès, le 25 avril 2017. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Le tueur en série Francis Heaulme est jugé depuis mardi 25 avril pour le meurtre, en septembre 1986, de deux enfants de 8 ans, Cyril Beining (Bénin) et Alexandre Beckrich, retrouvés le crâne fracassé sur les voies ferrées de Montigny-lès-Metz, dans la banlieue de Metz, en Moselle.

Ce double meurtre avait tout d'abord été attribué à Patrick Dils, avant que les soupçons s'orientent vers Francis Heaulme à la suite d'une enquête menée par Jean-François Abgrall. Sur franceinfo, cet ancien gendarme, a expliqué que, "pour quelqu'un qui n'est pas concerné, il est très au courant." Il décrit "un personnage atypique" qui "évoque des faits", en racontant son parcours, "comme les maillons d'une chaîne."

franceinfo : Comment avez-vous rencontré Francis Heaulme ?

Jean-François Abgrall : Je l'avais interpellé à Strasbourg pour un meurtre commis à côté de Brest. Je l'ai entendu trois fois sur deux ans et demi. À l'issue de ses auditions, il me dit que Brest, "c'est un pépin." Cela fixe déjà un niveau de dangerosité. Et il me dit "j'ai eu d'autres pépins." À ce moment-là, on le soupçonne également d'un autre crime commis à côté d'Avignon. Face aux enquêteurs, il le reconnaît. Là, se met en place une procédure classique. Je vais le voir en maison d'arrêt pour fixer son itinéraire et la période sur laquelle il est sur la route. Il me dit, "partout où je passe il y a des meurtres." Il est arrivé au moment où un crime venait de se commettre, ou alors c'est un assassin qui lui raconté les faits. Dans son jargon, c'est un autre.

Francis Heaulme est-il un personnage complexe ?

C'est un personnage atypique qui a une façon de communiquer originale. Il me dit : "Ce jour-là j'ai étranglé un arbre, cet arbre est devenu mou. C'était un jeune. Je l'ai laissé dans les herbes folles. C'était à 12 kilomètres de la mer entre Cherbourg et Boulogne-sur-mer, et c'était avant le crime de Brest." Je vérifie. Au final, une série d'affaires vont être mises en rapprochement et on va comprendre comment Francis Heaulme fonctionne. À chaque fois ce n'est pas lui, c'est l'autre. Il n'a reconnu qu'une fois les faits à la demande de son avocat de l'époque, à Arras, pour un crime commis en 1989. Il va ensuite donner des informations de plus en plus précises de la scène de crime avec un plan détaillé au moment du meurtre. 

Il se met en scène dans son décor. Il explique le crime avec les détails. Et il dit : "C'est moi mais je ne me rappelle plus.

Jean-François Abgrall, gendarme

à franceinfo

Avez-vous la conviction que Francis Heaulme est coupable des meurtres de Montigny-les-Metz ?

Pour quelqu'un qui n'est pas concerné, il est très au courant. Il était là ce jour-là. Il évoque les faits. Il est arrivé sur la rue qui longe la voie de chemin de fer où les corps ont été retrouvés. Il dit qu'il a reçu des cailloux de ces enfants, qu'il a l'intention de revenir les corriger mais qu'il va faire un tour plus loin. Montigny-les-Metz, c'est une affaire qui n'est plus dans les bases de données puisqu'il y a déjà un coupable identifié, Patrick Dils. Aujourd'hui, on sait qu'Heaulme a été découvert à quatre kilomètres le long de cette même voie de chemin de fer, couvert de sang mais pas blessé. Il dit qu'il est monté sur le talus pour voir, dans l'intention de corriger les enfants, mais qu'ils étaient déjà morts. Il y a beaucoup d'éléments qui ont été éparpillés dans d'autres affaires. Lui ne parle pas de faits uniques mais de de son parcours. Son parcours, c'est comme les maillons d'une chaîne. Il raconte sa vie dans un ensemble dans lequel il va mélanger tous les cas.

"Françis Heaulme a une façon très originale de parler", Jean-François Abgrall, gendarme, à franceinfo.

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