Infanticide à Berck-sur-Mer : la personnalité complexe de Fabienne Kabou
Accusée d'avoir tué sa fille de 15 mois, Adélaïde, en l’abandonnant à la marée montante sur une plage de Berck-sur-Mer en 2013, Fabienne Kabou a révélé, pour son premier jour d’audience devant la Cour d’Assises de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, une personnalité trouble et complexe.
A LIRE AUSSI ►►► Infanticide sur une plage de Berck : la mère devant les juges
Cinq jours de procès ne suffiront sans doute pas à faire le tour de la personnalité complexe de cette belle femme cultivée qui s’exprime dans un français choisi. Une femme en souffrance intense lorsqu’elle évoque son enfance, son père, présent dans la salle, qu’elle adore autant qu’elle déteste, celui qui a quitté sa mère alors qu’elle n’avait que trois ans. Celui qui attendait tout d’elle, son seul enfant biologique, élève brillante, au caractère fort, comme lui.
Elle consulte marabouts et guérisseurs
"Je ressentais cette pression ", explique-t-elle. Sa colère est là, à fleur de peau. Fabienne Kabou est aussi cette affabulatrice, qui disait passer un doctorat de philosophie mais qui se fâche lorsqu’on lui fait remarquer qu’elle n’a jamais validé sa licence. Elle a consulté marabout et guérisseurs, mais elle affirme ne pas croire au vaudou.
Le père de Fabienne #Kabou:"je ne sais pas comment elle a pu en arriver là.Je ne trouve aucune explication rationnelle.Elle a du disjoncter"
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) June 20, 2016
Les experts viendront dire si la jeune femme est prise de paranoïa, de psychoses délirantes, de troubles du comportement. A la barre, une femme remplie de paradoxe, incapable d’expliquer son geste : "J’étais prise dans une spirale de mensonge, la mort de ma fille a mis fin à cette spirale ", explique-t-elle. L’abandonnant à la marée montante. Des pêcheurs avaient retrouvé son corps.
Pas un "infanticide", un "meurtre d'enfant"
"Il est probable qu'on soit dans un mécanisme délirant ", estime Michel Dubec, sur l’antenne de France info. Ce psychiatre et psychanalyste, note "l'intelligence supérieure, les bonnes études" de Fabienne Kabou, et explique que "des personnes qui ont des capacités intellectuelles supérieures et qui ont une maladie mentale sont souvent des paranoïaques ". "Elles rationnalisent tout, tout le temps, mais à côté de la plaque. Elles raisonnent juste à partir d'un postulat faux ", ajoute le psychiatre, pour qui "ces personnalités paranoïaques sont difficilement soignables".
Luc Fremiot, avocat général aux assises de St Omer pour le procès de Fabienne Kabou pic.twitter.com/omKhwwGynm
— Delphine Gotchaux (@delphgotchaux) June 20, 2016
"On est dans quelque chose qui est de l'ordre de l'absurdité ou de l'inconnu ", souligne Michel Dubec. "Ce n'est pas un infanticide, c'est un meurtre d'enfant ". Il explique qu'un infanticide concerne un enfant de moins de trois jours, dont la naissance n'a pas été déclarée. Dans ce cas, il s'agit d'une fillette de 15 mois qui n'a jamais été déclarée. C'est une enfant qui a eu "une existence incluse dans la psyché de la mère, et qui ne devait pas en sortir ", analyse Michel Dubec.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.