Critiqué sur la liberté de la presse, Emmanuel Macron évoque "les obligations de réserve" liées à la sécurité nationale
"Il y a la protection des sources" mais il y a aussi "la sécurité nationale", a déclaré le président de la République lors d'un entretien sur une chaîne YouTube.
La liberté de la presse et la liberté d'informer ne sont ni menacées ni réduites en France, a estimé Emmanuel Macron, vendredi 24 mai, qui a dans le même temps justifié la convocation récente de plusieurs journalistes à la DGSI. Cette mesure a pourtant suscité protestations et inquiétudes au sein de la profession.
>> Qui sont les journalistes convoqués par les services de renseignement français ?
Quatre journalistes travaillant sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen ont annoncé avoir été auditionnés, ou l'être prochainement, par la direction générale du renseignement intérieur. L'audition de trois d'entre eux la semaine dernière a été dénoncée par une vingtaine d'ONG et syndicats de journalistes, par la fédération européenne des Journalistes (FEJ) et le centre de protection des journalistes (CPJ), qui y ont vu une atteinte inacceptable à la liberté de la presse.
Il y a la protection des sources, on la protège et j'y veille (...). Mais à côté de ça il y a une sécurité nationale qui crée des obligations de réserve, on doit composer les deux.
Emmanuel Macronsur la chaîne YouTube "HugoDécrypte"
"Il y a eu une enquête qui a été ouverte sur ce sujet parce que c'est grave, a poursuivi Emmanuel Macron, parce que sinon n'importe quel journaliste peut se procurer par une indélicatesse les documents qui relèvent de la sécurité nationale et les mettre sur la place publique. Et ça vous menace vous et moi parce qu'à la fin des fins, quand c'est classifié en sécurité nationale, c'est qu'il y a une raison".
"Il faut protéger toutes les libertés"
Quant à l'annonce de la convocation par la justice de la journaliste du Monde Ariane Chemin, à l'origine des révélations de l'affaire Benalla qui a fait trembler l'exécutif, et de celle du président du directoire du quotidien Louis Dreyfus, il s'agit d'un cas différent, a dit Emmanuel Macron. "Ce n'est pas l'Etat qui a porté plainte" mais un sous-officier de l'armée de l’air, membre des forces spéciales, pour révélation de son identité, a indiqué le chef de l'Etat. "Il faut protéger toutes les libertés, la liberté de la presse mais la liberté des individus aussi".
Concernant enfin le cas de violences policières commises contre des journalistes lors des manifestations des "gilets jaunes" – près de 90 selon Reporters sans frontières (RSF) –, "des enquêtes ont été à chaque fois ouvertes par l'inspection générale de la police, elles sont transférées aux juges, il y aura un suivi judiciaire en toute indépendance". "A aucun moment lors de cette crise, je ne peux laisser dire que la liberté de la presse aurait été réduite", a estimé Emmanuel Macron.
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