Justice : 3 000 magistrats s'alarment de la dégradation de leurs conditions de travail, le garde des Sceaux propose une rencontre
Les signataires d'une tribune publiée dans le journal "Le Monde" déclarent qu'ils ne veulent plus une "justice qui maltraite les justiciables" et "ceux qui œuvrent à son fonctionnement".
Une sonnette d'alarme. Juges correctionnels, des enfants, substituts... 3 000 magistrats et une centaine de greffiers ont dénoncé la dégradation de leurs conditions de travail et le manque de temps pour traiter les dossiers, mardi 23 novembre, dans une tribune parue dans Le Monde.
"Nous ne voulons plus d'une justice qui n'écoute pas, qui raisonne uniquement en chiffres, qui chronomètre et comptabilise tout", écrivent-ils, tançant une "justice qui maltraite les justiciables, mais également ceux qui œuvrent à son fonctionnement". Dans ce texte, ils regrettent une "vision gestionnaire de [leur] métier" et soulignent le manque de temps pour traiter les dossiers.
La volonté d'"une justice de qualité"
Les magistrats citent notamment des audiences surchargées, des arrêts maladie qui se multiplient parmi le personnel judiciaire, des audiences classées sans suite ou encore l'obligation de traiter des affaires de divorce "en quinze minutes" sans pouvoir donner la parole aux parties. Cette situation génère une "discordance entre notre volonté de rendre une justice de qualité et la réalité de notre quotidien", les plaçant face à un "dilemme intenable : juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables".
"Les magistrats n'en peuvent plus. La justice est à bout de souffle et ne peut plus remplir ses missions", écrit l'Union syndicale des magistrats mardi dans un communiqué relayant cette tribune. Cet appel intervient alors que se sont ouverts les Etats généraux de la justice le 18 octobre. La Commission indépendante présidée par Jean-Marc Sauvé devrait remettre des propositions de réformes d'ici à février 2022.
Le ministère de la Justice veut organiser une rencontre
En réponse à la tribune, le directeur des services judiciaires en charge des ressources humaines, de la magistrature, Paul Huber, s'est dit "particulièrement conscient que les deux années éprouvantes qui viennent de se succéder, après un mouvement social et la crise sanitaire, n’ont fait qu’exacerber des tensions présentes dans le monde judiciaire depuis de très nombreuses années". Il confirme que pour répondre aux problèmes soulevés par les magistrats, "il faut augmenter" les effectifs actuels" dans leurs rangs.
Paul Huber ajoute dans son courrier que "le garde des Sceaux [Eric Dupond-Moretti] souhaite échanger dans les prochains jours avec une délégation des magistrats et greffiers signataires de cette tribune". Il réunira également l'ensemble des conférences et associations professionnelles, selon le représentant du ministère.
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