La demande de libération de Jean-Claude Romand est "intolérable" clame son ancien beau-frère
Le frère de la femme de Jean-Claude Romand est révulsé par la demande de remise en liberté du faux médecin qui a assassiné toute sa famille en 1993.
"La perpétuité, on l'a jusqu'au bout. Alors que pour lui, elle va s'arrêter s'il le demande et qu'on va dans son sens. C'est intolérable, totalement intolérable", a confié à France Bleu Pays de Savoie, Emmanuel Crolet, l'ancien beau-frère de Jean-Claude Romand, ce faux médecin qui a assassiné sa famille dans l'Ain et le Jura en 1993. La justice étudie ce vendredi sa demande de libération conditionnelle.
Jean-Claude Romand a passé 25 ans en prison et demande à sortir
Si cette demande est accordée, "il aura encore une fois manipulé le système pour arriver à ses fins. Il l'a fait il y a 25 ans, il recommence", juge Emmanuel Crolet. "On a vécu pendant 25 ans une relative quiétude. Tant qu'il est entre quatre murs, il ne nous fait plus de mal psychologiquement et il ne peut pas en faire, psychologiquement et peut-être physiquement, à d'autres", poursuit-il.
Jean-Claude Romand a été condamné en 1996 à la prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans et a déjà purgé 25 ans pour avoir tué sa femme, ses deux enfants et ses deux parents. Il est aujourd'hui incarcéré à la maison centrale de Saint-Maur, dans l'Indre, et c'est le tribunal d'application des peines de Châteauroux qui doit rendre sa décision ce vendredi.
Un projet de réinsertion trop léger pour l'avocate de la famille
Mais pour l'avocate des deux beaux-frères et de la belle-mère de Jean-Claude Romand, Me Laure Moureau, cette demande de libération conditionnelle est prématurée. "Le dossier d'aménagement de peine que nous avons pu consulter nous a permis de constater que la personnalité de Monsieur Romand reste encore aujourd'hui assez troublante et interroge, explique-t-elle à France Bleu Berry. C'est un constat que font les experts. Car quand bien même ils évoquent un risque de récidive faible, la personnalité n'est pas limpide et lisible et ça trouble particulièrement mes clients".
L'avocate estime par ailleurs que le projet présenté par Jean-Claude Romand ne lui paraît "pas adéquat, pas assez étayé en l'état pour permettre une réinsertion dans la société civile avec toutes les garanties qu'on pourrait attendre pour un condamné à une peine aussi longue que la sienne puisque sa condamnation, ce n'est pas 25 ans mais c'est la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sureté de 22 ans."
À l'inverse, pour la défense, Jean-Claude Romand présente toutes les garanties nécessaires pour obtenir cette libération conditionnelle. Me Jean-Louis Abad assure même que son client a trouvé un travail, un logement et présente des garanties financières. L'administration pénitentiaire confirme aussi que Jean-Claude Romand a une attitude exemplaire en détention et les experts estiment que son risque de récidive est faible.
Cela peut paraître indécent d'aider des gens tels que Romand à se réinsérer
Emmanuel Croletà France Bleu Pays de Savoie
Mais au-dela de la décision de justice, c'est toute une famille qui replonge dans ses mauvais souvenirs, déplore Emmanuel Crolet, le frère de la femme de Jean-Claude Romand. Il lui est "difficile de se replonger là-dedans", confie-t-il encore à France Bleu Pays de Savoie. Cette demande de libération conditionnelle intervient "trop tôt", estime-t-il.
"Ça me révulse un peu de savoir qu'il va prendre la place de gens qui pourraient être réinsérés, qui en ont peut-être fait beaucoup moins que lui et qui le méritent tout autant voire plus, continue l'ancien beau-frère de l'assassin. Ça peut paraître indécent d'aider des gens tels que Romand à se réinsérer même s'il est un détenu modèle, parce qu'il a été un gendre modèle, un beau-frère modèle, donc ça ne me choque pas qu'il soit modèle. C'est dans son fonctionnement, il est construit comme ça", prévient-il encore.
"Attention de ne pas se faire avoir par ce personnage modèle qui au final atteindra son objectif de repartir à zéro", prévient Emmanuel Crolet. "Il n'a pas changé. Je ne peux pas dire autre chose parce que l'énormité des faits fait que ma famille n'ira jamais dans son sens. Nous, on aura à perpétuité le manque de ces personnes."
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