Le Tribunal suprême de Monaco refuse de suspendre le limogeage de la ministre de la Justice

Sylvie Petit-Leclair, 69 ans, avait été nommée ministre de la Justice du micro-Etat en 2022. Mais elle a été écartée fin août, éviction qu'elle conteste.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'actuel procureur de la République de Toulouse, Samuel Vuelta Simon, qui doit remplacer Sylvie Petit-Leclair, le 30 août 2024. (MICHEL VIALA / LA DEPECHE DU MIDI / MAXPPP)

Le Tribunal suprême de Monaco a rejeté la demande de Sylvie Petit-Leclair, ministre de la Justice de la Principauté, de surseoir à l'exécution de son limogeage, a appris l'AFP samedi 14 septembre, amenant la magistrate à dénoncer de nouveau son "éviction arbitraire".

Sylvie Petit-Leclair, 69 ans, retraitée depuis 2022 de la magistrature française, avait été nommée procureure générale de Monaco en 2018 puis ministre de la Justice du richissime micro-Etat en 2022, et son mandat devait prendre fin en juin 2025. Mais elle a été écartée fin août, éviction qu'elle conteste.

Dans l'ordonnance de référé rendue le 13 septembre que l'AFP a consultée, le tribunal suprême justifie sa décision par "l'absence de péril grave" que le renvoi prématuré de Sylvie Petit-Leclair aurait pu entraîner. Cette juridiction devrait, d'ici à deux semaines, examiner la demande d'annulation du renvoi.

Victime collatérale de luttes d'influence

Dans un communiqué, Sylvie Petit-Leclair a dénoncé de nouveau, comme elle l'avait fait après l'annonce de son limogeage, un déni de droit en Principauté. "Je garde toute mon estime et ma sincère affection au prince [Albert II]. Cependant, depuis plusieurs mois, j'ai l'impression que certaines influences ne lui permettent plus de faire montre de la volonté, précédemment affichée, de soutenir les propositions destinées à conforter la Principauté en tant qu'Etat de droit", écrit la magistrate.

Selon elle, "Monaco traverse l'une des périodes les plus difficiles de son histoire contemporaine", estimant aussi que "malgré d'indéniables progrès, la lutte contre la délinquance en col blanc et la répression contre la corruption restent très perfectibles". Elle apparaît comme une victime collatérale des luttes d'influence qui se jouent au sommet du Rocher.

En 2023, après le scandale dit des "dossiers du Rocher", du nom d'un site internet anonyme dénonçant de supposées pratiques de collusion de proches du prince, Albert II avait limogé son administrateur des biens de la Couronne, Claude Palmero, déclenchant une guerre judiciaire entre le prince et son ex-homme de confiance.

Ne pas se laisser "impressionner" 

Les hommes forts auprès du souverain sont désormais Salim Zeghdar, au poste occupé précédemment par Claude Palmero, et Christophe Steiner, directeur de cabinet. L'éviction de Claude Palmero avait été interprétée comme une victoire du magnat local de l'immobilier Patrice Pastor, auquel l'ancien administrateur des biens voulait s'opposer.

Alors que le nouveau ministre de la Justice, Samuel Vuelta Simon, ex-procureur de la République de Toulouse, doit prendre ses fonctions le 16 septembre, l'entourage de Sylvie Petit-Leclair précise qu'elle a la ferme intention de se rendre à ses bureaux lundi matin, refusant de se laisser "impressionner par les tentatives d'intimidation" qui ne lui "ont pas été épargnées depuis plusieurs semaines".

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