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Le village de Laguiole abandonne symboliquement son nom

Le maire de Laguiole va démonter mercredi le panneau qui signale l'entrée de son village. Un mouvement de protestation après avoir perdu une bataille judiciaire contre un particulier qui avait déposé le nom de Laguiole pour commercialiser des couteaux, du linge de maison ou des barbecues.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (JEAN PAUL COUFFIN Maxppp)

La décision de justice a fait l'effet d'un camouflet à
Laguiole. La commune de l'Aubrac poursuivait un particulier du Val-de-Marne. En
1993, Gilbert Szajner a déposé la marque Laguiole pour désigner de la
coutellerie, du linge de maison, des barbecues ou des briquets. Contre paiement, il autorise des industriels français et étrangers à commercialiser leurs
produits sous la marque Laguiole.

Inacceptable pour la commune qui a donc porté l'affaire en
justice demandant au tribunal de grande instance de Paris de prononcer la
nullité des marques. Privée d'utiliser son nom comme elle le veut,  Laguiole accuse par ailleurs Gilbert Sazjner
de parasitisme économique.

La notoriété du village pas établie

Ainsi Thierry Moysset, qui gère la Forge de Laguiole
et qui commercialise des couteaux frappés de la célèbre abeille, souhaiterait
pouvoir se diversifier. Il ne le peut pas. S'il appose le mot Laguiole sur un
moulin à poivre "je suis en contrefaçon" , explique-t-il.

La demande
de Laguiole a été rejetée par le tribunal. Les juges ont estimé que la
notoriété du village n'était pas établie. Si Laguiole est célèbre, ont expliqué
en substance les juges, c'est grâce aux couteaux qui ne sont pas fabriqués
exclusivement sur son territoire. La commune n'est donc "pas fondée à invoquer une
atteinte à son nom, à son image et à sa renommée".

Le
maire du village Vincent Alazard va donc démonter mercredi le panneau du
village. "Puisque le nom ne nous appartient plus, on l'enlève" . Il
a également écrit à François Hollande pour l'interpeller sur une situation
inique où des
"noms de villes ou villages peuvent devenir propriété de groupes
industriels, de la grande distribution ou d'ailleurs, tant français
qu'étrangers". 
Par ailleurs le conseil municipal s'est dit favorable à un
appel de ce jugement. 

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