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Nouveau procès pour Carlos, le révolutionnaire sans révolution

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en première instance, Ilich Ramirez Sanchez est jugé en appel pour une série d'attentats mortels en France dans les années 80.

Article rédigé par Hervé Brusini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Illich Ramirez Sanchez, dit Carlos, en juin 1975. (HOUPLINE / SIPA)

Le procès en appel de Carlos, de son vrai nom Ilich Ramirez Sanchez, s'ouvre à Paris lundi 13 mai et devrait durer plus d'un mois. Un nouveau marathon judiciaire pour ce terroriste Vénézuélien de 63 ans, aujourd'hui aussi replet que mythique et responsable d'une dizaine d'attentats entre les années 70 et 80. Ce qui frappe chez Carlos, c'est son côté paradoxal : il a été l'icône du grand soir mondial tout en étant isolé avec juste quelques complices. Arrêté en 1994 après plusieurs années de traque, ce révolutionnaire sans révolution n'en est pas à sa première confrontation avec la justice française.

La période palestinienne

Les condamnations multiples de l'ancien terroriste sanctionnent un parcours singulier. En 1997, la justice française l'a déjà condamné à perpétuité pour le meurtre, rue Toullier à Paris, en 1975, de trois hommes dont deux inspecteurs de l'ancienne Direction de la surveillance du territoire (DST). C'est la période pro-palestinienne de celui que l'on surnomme le "Chacal". L'année 1975 à elle seule se résume en quelques mots : bombes, assassinats, attaque au lance-roquettes et finalement prise d'otages à Vienne (Autriche) lors d'une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le monde est stupéfait, le mythe constitué.

Chef de bande et grand orateur

En 2011, Carlos est à nouveau condamné à la perpétuité pour une série d'attentats commis entre 1982 et 1983. Il faut dire qu'à l'époque, les choses commencent à mal tourner. Algérie, Libye, Liban, pays de l'Est... Le périple du Vénézuélien et de ses complices prend alors des allures d'errance. Le révolutionnaire cache le mercenaire, le chef de bande. C'est d'ailleurs pour obtenir la libération de sa compagne et de l'un de ses lieutenants, arrêtés au début des années 80, qu'il est soupçonné d'avoir fomenté ces quatre attentats : des bombes posées dans un train Paris-Toulouse (cinq morts), dans une rue de Paris (un mort), dans la gare de Marseille (deux morts) et dans un TGV Marseille-Paris (trois morts).

A partir de lundi et jusqu'au 26 juin, Carlos est rejugé en appel sur ce dossier devant la cour d'assises spéciale de Paris. L'accusation repose sur des éléments fournis par les services secrets des anciens pays communistes. Mais il en conteste farouchement la fiabilité. Comme en première instance, ce procès lui permettra de pratiquer ce que d'aucuns appellent un art consommé de la discussion. La faconde du personnage est en effet bien connue, et Carlos se sait observé par son pays d'origine. En 2011, le président Hugo Chavez le qualifiait de "digne héritier des plus grandes luttes pour les peuples". Mais depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, les relations n'auraient plus rien d’amical. "C'est un personnage imprévisible, explosif, on marche toujours sur des œufs même en le connaissant", a confié à l'AFP son avocat, Francis Vuillemin.

Une traque de plus de dix ans

Une personne l'a bien connu, étudié sous tous les angles et suivi pas à pas. A plusieurs reprises au Soudan, le général Philippe Rondot s'est retrouvé à quelques mètres de celui qu'il traquait depuis plus de dix ans. C'est ce membre des services de renseignement, envoyé par Charles Pasqua à l'époque, qui est parvenu à mettre la main sur le Vénézuélien en plein Khartoum, le 14 août 1994. Dès cet instant, l'Etat français savait que commençait un long marathon judiciaire.

 

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