Procès des attentats de janvier 2015 : Ali Riza Polat va faire appel de sa condamnation
Ali Riza Polat, présenté comme la "pièce maîtresse" des actes préparatoires, a été condamné mercredi à 30 ans de prison, assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
Ce qu'il faut savoir
Ils ont délibéré pendant 48 heures dans une caserne, à Paris. Les cinq magistrats de la cour d'assises spéciale de Paris ont rendu leur verdict au procès des attentats de janvier 2015, mercredi 16 décembre. Quatorze accusés, dont 11 présents à l'audience, étaient jugés pour leur rôle dans les préparatifs des attentats commis par frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, qui ont tué 17 personnes. Les 14 accusés ont été condamnés à des peines allant de 4 ans de prison à la réclusion à perpétuité. Ali Riza Polat, présenté comme la "pièce maîtresse" des actes préparatoires, à 30 ans de prison, assortie d'une période de sûreté des deux tiers. Son avocate a annoncé qu'il comptait faire appel. Suivez notre direct.
Des peines allant de 4 ans de prison à la réclusion à perpétuité. Sur les 14 accusés, 11 étaient poursuivis pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", dont Hayat Boumeddiene, également poursuivie pour financement du terrorisme. Mohamed Belhoucine et Ali Riza Polat étaient poursuivis pour "complicité de crimes terroristes". Christophe Raumel, lui, était poursuivi pour association de malfaiteurs criminelle simple.
Qualification terroriste écartée pour six accusés. La cour d'assises spéciale de Paris a écarté la qualification terroriste pour six des 11 accusés présents. Les cinq magistrats professionnels ont déclaré ces six accusés coupables d'association de malfaiteurs mais n'ont pas retenu la qualification terroriste. Ali Riza Polat a lui été déclaré coupable de "complicité" des crimes terroristes commis par Saïd et Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly.
Un verdict "pour l'histoire" ? "Votre décision sera scrutée, soupesée, regardée à la loupe et servira d’étalon", a déclaré l'avocate générale Julie Holveck lors de son réquisitoire en s'adressant à la cour. Le verdict dans ce procès historique, le premier en matière de terrorisme à être filmé, est en effet très attendu pour les futurs rendez-vous judiciaires à suivre, les procès des attentats du 13 novembre 2015 et de Nice en juillet 2016. Comment trouver la juste peine ? Les hommes dans le box appartiennent plutôt au second cercle logistique d'Amedy Coulibaly, le premier cercle étant parti en Syrie avant les attentats : sa compagne Hayat Boumeddiene et les frères Belhoucine, ces derniers étant donnés pour morts. Des zones d'ombre subsistent sur le circuit des armes des terroristes. Quant aux commanditaires des frères Kouachi, ils ne sont pas dans le box.
"Le cycle de la violence sera enfin refermé". Quand le verdict sera rendu, "le cycle de la violence, qui s'était ouvert il y a bientôt six ans dans les locaux de Charlie Hebdo, se sera enfin refermé", a estimé dans un éditorial publié mercredi Riss, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire satirique. "Au moins sur le plan pénal car, humainement, les répercussions ne s'effaceront jamais, comme les témoignages des victimes venues s'exprimer à la barre" l'ont mis "en évidence", a ajouté le responsable du journal, ciblé par les jihadistes pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Charlie Hebdo a d'ailleurs republié des dessins représentant le prophète à la veille de l'ouverture du procès, le 2 septembre. Pendant les trois premières semaines de l'audience, les survivants et leurs proches ont exprimé leur douleur, leur combat et montré à la cour leurs cicatrices, physiques et psychiques.
Trois attentats commis pendant le procès. La France a été de nouveau frappée par des attentats terroristes tandis que se déroulait le procès : une attaque au couteau près des anciens locaux de Charlie Hebdo, l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty qui avait montré les caricatures à ses élèves et un attentat à la basilique Notre-Dame à Nice. "C'est un dossier qui transpire la peur et la déraison", a souligné une avocate de la défense, Margot Pugliese. D'autres confrères ont adjuré la cour de "ne pas céder" à ce sentiment de "peur".
Un procès rattrapé par la crise sanitaire. Avec ses onze accusés présents, ses 200 parties civiles et sa centaine d'avocats, le procès n'a pas échappé à l'épidémie de Covid-19. Brièvement interrompue fin septembre après un cas suspect, l'audience a été suspendue pour de bon le 31 octobre, après trois cas de contamination parmi les accusés, dont le principal d'entre eux, Ali Riza Polat. La pause, prévue initialement pour deux semaines, a finalement duré un mois en raison de complications médicales.