Procès des attentats de janvier 2015 : "On est tous d’accord, assassiner une personne pour sa religion, c’est honteux", déclare l'un des accusés
Mercredi est la troisième et dernière journée que la cour d'assises spéciale de Paris consacre à l'attentat perpétré dans cette supérette par Amedy Coulibaly, le 9 janvier 2015.
Ce qu'il faut savoir
Quatre victimes assassinées en un quart d'heure par un tueur "totalement dénué d'empathie" : au procès des attentats de janvier 2015, la cour d'assises spéciale de Paris revient, depuis lundi 21 septembre, sur l'attaque antisémite de l'Hyper Cacher, marquée par la "cruauté" d'Amedy Coulibaly. Après le déroulé de la prise d'otages, les proches des quatre hommes juifs assassinés, ainsi que les rescapés, ont livré leurs témoignages mardi. Ils poursuivent leurs récits à la barre une grande partie de la journée de mercredi.
Des témoignages poignants. Zarie Sibony, qui était caissière à l'Hyper Cacher, a livré un témoignage très fort à la barre, mardi. "Quatre personnes ont été assassinées sauvagement seulement parce qu'elles étaient juives et pour moi c'est inexcusable", a-t-elle déclaré face à la cour d'assises spéciale. Auparavant, la veuve de Philippe Braham, l'un des quatre otages abattus par Amedy Coulibaly, avait fait part de la difficulté de se reconstruire après un tel drame : "J'ai peur de l'avenir, je ne sais pas ce que je vais raconter plus tard [à mes enfants]. Ils savent que leur papa est parti, que c'est un méchant monsieur qui l'a tué, mais ils ne comprennent pas pourquoi."
L'appel de Lassana Bathily. Auditionné mardi après-midi, l'ex-otage de l'Hyper Cacher, Lassana Bathily, salué pour son comportement lors de l'attaque, a appelé juifs et musulmans à ne pas "se laisser diviser" par les terroristes. "Les terroristes sont là pour nous diviser, créer la haine entre les populations, entre les religions", a déclaré le jeune homme d'origine malienne et de confession musulmane. Il a également rendu hommage à son collègue et ami juif Yohan Cohen, tué lors de l'attentat.
La peur des ex-otages. La plupart des rescapés de l'Hyper Cacher ne souhaitent pas témoigner au procès, car ils ont la peur au ventre. "Certains ont pourtant changé de pays, d'autres ont changé de ville, de métier. Mais ils sont certains qu'ils sont des cibles directes depuis qu'ils ont échappé à l'attentat de l'Hyper Cacher", explique à franceinfo Patrick Klugman, qui défend une dizaine d'entre eux. Une peur qui existe aussi du côté de Charlie Hebdo. Marika Bret, responsable des ressources humaines de l'hebdomadaire satirique, a raconté lundi à franceinfo avoir été obligée de quitter son domicile après avoir reçu des menaces.
Un large soutien à "Charlie Hebdo". Avec plus de cent autres médias, dont Le Monde, L'Obs et plusieurs journaux de presse quotidienne régionale, Radio France et France Télévisions signent mercredi une lettre ouverte, à l'initiative de la rédaction de Charlie Hebdo, pour défendre la liberté d'expression. Pointant du doigt les menaces de mort qui visent certains médias et les pressions de quelques Etats sur des journalistes français, le texte rappelle l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.