Reporters de Libération convoqués : après la garde à vue d'Ariane Lavrilleux, RSF dénonce "un nouvel épisode dans les tentatives d'intimider les journalistes"
"C'est une logique similaire" que pour la garde à vue d'Ariane Lavrilleux, journaliste à Disclose. La convocation par la police de trois journalistes de Libération "représente un nouvel épisode dans les tentatives d'intimider les journalistes, d'identifier leurs sources", estime vendredi 22 septembre sur franceinfo Pavol Szalais, chef du bureau Europe/Balkans au sein de Reporters sans Frontières.
"Dans ce nouveau cas de Libération, les journalistes sont considérés comme suspects, c'est inquiétant", ajoute-t-il. Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer étaient convoqués jeudi 21 septembre "pour être entendus en tant que suspects sous le régime de l'audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille", a en effet indiqué le journal.
À l'origine de leur convocation : la "publication d'une série d'articles sur la mort d'Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC, à Neuville-en-Ferrain (Nord)". Le parquet a retenu les motifs d'infraction de "violation du secret de l'instruction", "recel de violation du secret de l'instruction" et "diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l'autorité publique".
Des "signaux très inquiétants"
Qu'il s'agisse d'Ariane Lavrilleux, ou des trois reporters de Libération, ce sont des "signaux très inquiétants" qui "sont envoyés", alerte Pavol Szalais. "Il ne faut pas que les journalistes cèdent à ces pressions", martèle-t-il. RSF, de son côté, "va continuer à promouvoir des solutions, dont par exemple des sanctions pour des atteintes à la protection du secret des sources".
"Il faut aussi élargir ce champ de protection [du secret des sources] à d'autres membres de la rédaction" comme "les documentaristes". "Il faut surtout supprimer cette notion extrêmement vague d''impératif prépondérant d'intérêt public' qui permet cet abus de procédure, comme dans le cas d'Ariane Lavrilleux", plaide-t-il encore, avant le lancement le 3 octobre des États généraux de l'information.
L'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse prévoit en effet qu'"il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d'intérêt public le justifie et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi".
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