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Serge Dassault visé par une plainte pour association de malfaiteurs

Elle vise l'homme d'affaires et sénateur UMP et porte sur des soupçons d'achat de votes à Corbeil-Essonnes. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Serge Dassault lors d'une réunion de l'UMP, le 19 novembre 2013 à Paris.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire à rebondissements de Serge Dassault à Corbeille Essonne (Essonne). L'industriel et sénateur UMP est visé par une plainte pour association de malfaiteurs, dans le cadre d'une enquête sur des soupçons d'achat de votes, a annoncé l'avocate du plaignant, lundi 6 janvier, confirmant une information de France Inter.

Cette plainte a été déposée par Fatah Hou. Cet ancien boxeur reproche à l'industriel d'avoir pris part à un stratagème en vue d'organiser son arrestation et celle de deux autres hommes au Maroc, afin de les éloigner de Corbeil-Essonnes. Fatah Hou a également été victime d'une tentative d'assassinat le 19 février 2013. Le successeur de Serge Dassault à la mairie, Jean-Pierre Bechter (UMP), le responsable du service des sports de la ville et un diplomate marocain sont également visés par cette plainte déposée vendredi auprès du parquet d'Evry, a précisé Me Marie Dosé, l'avocate du plaignant.

Cette plainte vient s'ajouter à d'autres procédures sur un système présumé d'achat de votes dans les quartiers sensibles de Corbeil-Essonnes, dont Serge Dassault a été le maire jusqu'en 2009. L'occasion pour francetv info de faire le point.

Tentatives d'homicides

Dans la soirée du 29 janvier 2013, Rachid T. est pris dans un guet-apens au volant de sa voiture à Corbeil-Essonnes. Il reçoit près d'une vingtaine de plombs au niveau d'une épaule. Le 27 février, ce trentenaire, enfant du quartier des Tarterêts, affirme dans un témoignage vidéo au Parisien avoir participé à un système d'achat de votes en faveur de Serge Dassault et de son successeur, Jean-Pierre Bechter. Il lie sa tentative d'assassinat à ce système. Une instruction est ouverte à Evry.

Le 19 février, Fatah Hou, ex-chef d'entreprise et boxeur, est très grièvement blessé de trois balles de calibre 38. Le suspect, Younès Bounouara, qui a tiré en pleine journée dans le centre de Corbeil-Essonnes, est une figure locale. Il prend la fuite puis se rend après plusieurs mois de cavale. Ecroué depuis le 7 novembre, il est présenté comme un proche de Dassault et un intermédiaire officieux de l'ancien maire UMP dans les cités. Dans le cadre de cette instruction ouverte à Evry, Serge Dassault a été entendu comme témoin assisté en octobre.

Soupçons d'achat de votes

Après une enquête préliminaire, une information judiciaire est ouverte à Paris en mars 2013 pour corruption, abus de biens sociaux, blanchiment et achat de votes présumés aux élections municipales, entre 2008 et 2010. Dans sa décision annulant l'élection municipale de 2008, le Conseil d'Etat avait tenu pour "établis" des dons d'argent aux électeurs, sans se prononcer sur leur ampleur.

Les juges financiers chargés de ce dossier ont demandé au bureau du Sénat, qui doit se prononcer mercredi 8 janvier, de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault.

Racket et menaces

Après des plaintes d'enfants de Serge Dassault victimes d'appels malveillants, une information judiciaire est ouverte à Paris le 24 janvier 2013. Trois frères, originaires de Corbeil-Essonnes, sont mis en examen à la fois pour appels téléphoniques malveillants, tentatives d'extorsion de fonds, atteintes à l'intimité de la vie privée ou encore violation du secret des correspondances et des communications téléphoniques. Le député UMP Olivier Dassault fait partie des plaignants.

Une enquête préliminaire est également en cours au parquet de Paris pour extorsion en bande organisée, après des prêts accordés par Serge Dassault à des habitants de Corbeil-Essonnes. Cette enquête a été confiée à l'Office central de lutte contre le crime organisé.

Enfin, deux plaintes ont été déposées le 4 novembre par Serge Dassault pour "appels téléphoniques malveillants réitérés, tentative d'extorsion de fonds, chantage, menaces, recel et complicité de ces délits", l'une à Evry visant René Andrieu, un ancien braqueur, et Fatah Hou, l'autre à Paris visant Mamadou K., un habitant des Tarterêts qui dit avoir touché 100 000 euros d’un proche de Dassault.

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