Nouveaux éléments à charge contre Tariq Ramadan : "C'est un tournant majeur parce que ça met à mal tout son système de défense"
Éric Morain, l'avocat d'une des trois victimes présumées de l'islamologue suisse, a réagi mercredi sur franceinfo.
La troisième demande de remise en liberté de Tariq Ramadan a été rejetée par les juges, a appris franceinfo de source proche du dossier mercredi 26 septembre. Ce refus des juges s'explique par de nouveaux éléments à charge contre le théologien suisse, retrouvés lors d'une expertise du téléphone d'une des victimes présumées, et qui contredisent les déclarations de Tariq Ramadan. "C'est un tournant majeur, parce que ça met à mal tout le système de défense de monsieur Ramadan, parce que ça met en lumière le système Ramadan avec les femmes", a déclaré sur franceinfo Éric Morain, avocat de Christelle, une des trois victimes présumées de Tariq Ramadan, qui affirme que le théologien l'a frappée et violée le 9 octobre 2009 dans une chambre d'hôtel de Lyon.
franceinfo : Quels sont les éléments nouveaux à ce dossier qui permettent de conforter la version de votre cliente ?
Éric Morain : Cela fait dix mois que ma cliente est injuriée, calomniée, que son identité est révélée par les soutiens de monsieur Ramadan et par lui-même la semaine dernière lors de la confrontation. Il a été particulièrement virulent et injurieux à son égard. On a toujours dit que c'était la vérité du dossier qui comptait, pas la mousse médiatique ni les déclarations du second conseil de monsieur Ramadan et aujourd'hui, les expertises techniques sur le matériel informatique et de téléphonie démontrent clairement qu'il y en a une qui disait la vérité et que l'autre mentait, et que le menteur était du côté du mis en examen et non pas du côté de la plaignante. C'est un tournant majeur, parce que ça met à mal tout le système de défense de monsieur Ramadan, parce que ça met en lumière le système Ramadan avec les femmes. Ce qui est dit dans ces SMS, ce qui est dit dans ces disques durs et ces clefs USB sont déjà corroborés par d'autres éléments du dossier. Le dossier n'était pas vide, mais encore la semaine dernière le conseil de monsieur Ramadan clamait 'Où sont les preuves ? Où sont les messages ?' Maintenant, il suffit de les lire et c'est accablant.
S'il fallait résumer la teneur de ces messages - il y en a plus de 400 envoyés et reçus - et ce que ça rapporte des faits, que peut-on en dire ?
Ces messages en substance disent deux choses : ils disent que le 9 octobre 2009 il y a bien eu une relation sexuelle entre monsieur Ramadan et Christelle, qu'elle était préparée, annoncée et manifestement souhaitée par les deux. Premier mensonge de monsieur Ramadan puisqu'il dit ne l'avoir rencontrée que dans le bar de l'hôtel pendant à peine 30 minutes. Et ces messages disent autre chose : ils disent une relation sexuelle au moins en partie non consentie, avec de la violence, c'est lui-même qui le dit. On avait produit des SMS postérieurs au 9 octobre 2009 que ma cliente avait pris en photos, ceux-là sont corroborés par l'expertise, ils ont bien été envoyés par monsieur Ramadan. Donc ce qui nous importe, c'est de rétablir la vérité des faits : une relation sexuelle non consentie c'est la définition du viol, c'est tout ce qui nous importe.
Pourquoi y avait-il besoin d'une expertise informatique ? Est-ce que ça veut dire qu'il y avait des traces qui avaient été effacées des téléphones et des ordinateurs ?
C'est assez habituel, c'est même obligatoire lorsqu'on saisit du matériel informatique ou téléphonique, que ce matériel soit confié à un expert judiciaire qui va être chargé - sans altérer le contenu - d'en donner justement connaissance de manière scientifique, sûre et certaine. La difficulté lié à ce matériel c'est qu'il était ancien - on parle d'un vieux téléphone de 2009 - avec des touches où il fallait appuyer trois fois pour avoir une lettre dans les SMS et que le capteur pour recharger le téléphone était abîmé donc tout ça nécessitait l'intervention d'un expert, ça a pris du temps, c'est normal mais aujourd'hui ce téléphone a parlé, il aurait pu ne pas le faire, et il a parlé en disant que Christelle disait vrai.
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