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Un "reçu" par contrôle d'identité ? Les syndicats de police, vent debout

Alors que le gouvernement étudie la possibilité de remettre un récépissé pour chaque contrôle de police, les syndicats crient unanimement à "la stigmatisation des gardiens de la paix".
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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"On stigmatise la police comme étant une police raciste. C'est inacceptable , dénonce Jean-Claude Delage, le  secrétaire général d'Alliance, 2e syndicat des gardiens de la paix. L'annonce faite par le Premier ministre jette le discrédit sur l'honnêteté morale des policiers en laissant penser qu'ils font des contrôles en dehors de la loi ". Même tonalité chez Synergie-Officiers qui rappelle en passant qu'"il y a aujourd'hui la même diversité dans la police que dans la population qu'elle contrôle ". 

"Les voyous contrôlés le matin brandiront un récépissé l'après-midi" (Synergie-Officiers)

La mesure qui les froisse ainsi est directement inspirée des pratiques policières britanniques. Outre-Manche, chaque personne contrôlée peut demander un procès-verbal spécifiant le matricule de l'agent, la date et l'heure, et ainsi se retourner contre l'institution pour dénoncer un contrôle abusif. Cette idée avait été évoquée dans le programme de François Hollande, avant que Jean-Marc Ayrault ce matin ne confirme qu'elle était à l'étude pour de bon. Objectif du gouvernement : mettre fin aux contrôles au faciès jugés trop courants en France par les organisations de défense des droits de l'homme, et en empêcher la multiplication. De quoi réjouir ces organisations, mais aussi certains magistrats. 

Piqués au vif cependant, les syndicats de police ne cessent depuis ce matin de démontrer que la mesure sera au mieux inefficace, au pire contre-productive. Pour Patrick Ribeiro de Synergie-Officier, "cela va nous enlever des outils comme la palpation où on peut trouver des armes, de la drogue. Les voyous contrôlés le matin brandiront un récépissé le reste de la journée et on ne pourra plus les contrôler. Cela va générer une dynamique qui n'est pas saine ". Jean-Claude Delage lui est encore plus direct : "Les policiers le prennent très très mal. cela va avoir un impact considérable sur leur motivation ", prévient-il. 

Devant la colère de ces policiers, c'est l'UMP qui refait surface. Eric Ciotti, le secrétaire national chargé de la sécurité estime que Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls "confirment la défiance des socialistes à l'égard de la police ". Il dénonce une mesure "purement démagogique et dogmatique " qui selon lui risque de paralyser l'action des forces de l'ordre.  

"Les policiers français peuvent contrôler tout le monde, en toute circonstances"

Pour Fabien Jobart, chercheur au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, cette unanimité contre la mesure risque de compliquer la tâche du gouvernement. Même si une réforme est nécessaire, selon lui, pour éclaircir a minima les motifs légaux de contrôles. "D'un point de vue pratique, la loi est tellement floue, que les policiers peuvent contrôler n'importe qui en toutes circonstances. C'est ça qui pose problème ," dit-il, en rappelant que dans certains pays européens, le contrôle d'identité n'est même pas une prérogative de la police. Dans ce cas, comme en Allemagne, la question du contrôle au faciès ne se pose même pas. 

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