Le bidonville rom de la Courneuve évacué
L’un des plus vieux bidonvilles rom de France a commencé à être évacué jeudi à 13 heures. Le Samaritain est situé dans une zone industrielle de la Courneveuve, en Ile-de-France, près de l’A86. 80 familles logent ici depuis 2008, soit près de 200 Roms. Deux unités de forces mobiles sont déployées depuis le milieu de l’après-midi. Cette évacuation s'est faite dans le calme, mais sous une pluie battante. Joseph l'un des rom évacué est trempé jusqu’aux os, en chemise sous le trottoir. Il dénonce une évacuation à la va vite : “Ca ce n’est pas humain ce qu’i l a fait. On ne sait pas où on va aller. Je ne sais pas ce qu’on va faire avec les gens qui ont des enfants. Il n’a pas le droit de faire comme ça avec les Roms, comme des chiens à la rue. Nous on est européen, il n’a pas le droit de nous faire dégager comme ça“.
Le bidonville du Samaritain à la Courneuve en cours d'évacuation (via @francebleu) http://t.co/61G02EbdB2 pic.twitter.com/Jjaxaukmkt
— France Bleu 107.1 (@FBleu1071) August 27, 2015
Une évacutation dans le cadre de la loi
Le directeur de cabinet du préfet explique qu’il ne fait qu’appliquer une décision de justice. Le maire communiste de la ville Gilles Poux avait engagé une procédure en 2013. Les recours déposés depuis par les associations ont tous été rejetés. Selon la préfecture, le diagnostic social, étape préalable obligatoire à toute évacuation est “achevé“. Ce diagnostic a permis d’identifier les familles les plus vulnérables. Des hébergements et des chambres d’hôtel seront proposés à une soixante de personnes sur les 203 recensées.
Le secrétaire général de la préfecture de Seine-Saint-Denis rappelle que l'évacuation était inévitable : "Compte tenu du fait que ce terrain est un terrain qui était insalubre, il fallait évacuer. C’est un terrain où il n’y a pas d’eau, où il n’y a aucune électricité, et où il y a des groupes électrogènes qui fonctionnent de temps à autre avec des risques d’incendies" .
Incohérence pour les associations
Pour les associations, les mesures de relogement proposées par la préfecture ne sont pas satisfaisantes. "Cette expulsion reflète à nouveau l'incohérence politique qui ne fait que déplacer le problème sans chercher de solutions de fond", ajoutent-elles. Elles demandant l'application de la circulaire du 26 août 2012 sur les évacuations de campements illicites de populations roms. Cette circulaire demande aux préfets d’anticiper et d’accompagner les démantèlements de ces camps. Le défenseur des droits avait en 2013 accusé le gouvernement de ne pas respecter cette circulaire.
La fondation Abbé Pierre et Médecins du Monde ont fait savoir qu’ils allaient distribuer des tentes. Ce soir, les familles qui n'ont pas été relogées dormirons sous des ponts ou dans la rue.
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