Le camp de Grande-Synthe, "pire que la Jungle de Calais"
Grande-Synthe, près de Dunkerque, devrait devenir le premier camp de régugiés en France répondant aux normes humanitaires internationales. Là, à une quarantaine de kilomètres de la Jungle de Calais, vivent déjà près de 2500 personnes dans des conditions extrêmement précaires.
Emmitouflé dans sa doudoune, Basem, 28 ans, s'excuse : "Je vais vous montrer ma tente. C'est la petite, là, mais je suis désolé, elle n'est pas très propre" . A l'intérieur, son kit de survie, des corn-flakes, du coca et un duvet. Avant d'arriver à Grande-Synthe, il y a quelques jours, Basem était ingénieur chez Polymer Industrial Company en Iran, mais il a choisi de fuir son pays. Appartenant à la minorité sunnite, il se dit persécuté par le pouvoir chiite.
Le jeune homme est parti il y a presque deux mois, il a traversé la Turquie, la Grèce, la Macédoine et la Croatie avant d'arriver en France. Il veut aujourd'hui à tout prix rejoindre son oncle en Grande-Bretagne. "Je me sens mal ici. Il n'y a pas d'infrastructure pour être au chaud. On s'inquiète pour notre santé. Tout est très sale et je suis congelé ici, il fait vraiment trop froid, je tousse et j'ai de la fièvre."
De 80 à 2.500 personnes
Un peu plus loin, l'association Emmaüs nourrit les réfugiés. Au menu : du riz, des haricots, de la viande, du thé et "un peu d'amour" , nous dit l'un des bénévoles. En quelques mois, le camp est passé de 80 à 2.500 personnes, dont 200 enfants. Avec seulement deux points d'eau, une dizaine de toilettes et pas de douche chaude, c'est une décharge à ciel ouvert, raconte Claire Millot de l'association Salam, qui a vu grandir le camp : "En juin dernier, il n'y avait que seize tentes et maintenant, il y en a des centaines" .
Depuis octobre dernier, Médecins Sans Frontières (MSF), et Médecins de Monde (MDM) sont venus porter secours aux réfugiés et proposent soixante consultations par jour. Pour Mathieu Baltazar, infirmier en charge des cliniques mobiles à MSF, Grande-Synthe, c'est pire que dans la Jungle de Calais : "A Calais, il y a des abris, mais pas ici. C'est pour ça qu'on parle de décharge. C'est plus organisé dans les camps gérés par le HCR en Afrique." Et cet habitué des missions à l'étranger ajoute : "C'est impressionnant de venir travailler sur ce type de problématique dans son propre pays" .
Premier camp de réfugiés en France
Le camp grandit si vite qu'il touche maintenant le centre-ville de Grande-Synthe. Pour gérer la situation le maire EELV tente de mettre en place un camp de réfugiés aux critères du HCR, ce serait le premier en France. Damien Carême s'est battu pour ça, et il attend le feu vert de l'Etat. "Je n'ai pas la même approche que la maire de Calais. Moi, je propose des solutions à l'Etat. Alors oui, c'est un camp de réfugiés, ici en France, mais on n'a pas le choix" , explique-t-il.
Dans le meilleur des cas, les réfugiés vont encore devoir attendre un mois pour sortir de ce bourbier. Une attente d'autant plus difficile que de fortes pluies doivent s'abattre toute la semaine sur Grande-Synthe, mais avec l'espoir d'être transféré sur un site plus approprié. Dans ce nouveau camp, ils devraient avoir accès à des tentes chauffées, des douches chaudes et des toilettes.
Ce serait le premier camp humanitaire de France, alors que le gouvernement a toujours refusé d'en installer un à Calais.
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