Le Conseil d'Etat relance le débat sur les salles de shoot
"Le Conseil d'Etat recommande de passer par une loi, c'est un conseil qu'évidemment nous allons suivre ", a déclaré jeudi Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, dans les couloirs de l'Assemblée, en réaction à l'avis négatif de ce même Conseil sur l'ouverture des "salles de shoot". "Il faudra passer par un texte de loi, nous allons travailler maintenant à la sécurisation juridique du dispositif ", en concertation avec les acteurs concernés, a-t-elle expliqué.
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Cela remet en cause l'ouverture de la première salle de shoot française, qui devait ouvrir début novembre dans le 10e arrondissement de Paris. Elle ne verra vraisemblablement pas le jour avant les municipales, a annoncé Anne Hidalgo sur France Info. La candidate PS à la mairie de la capitale confirme qu'il faudra passer par une loi et qu'elle va "retravailler avec le ministère de la Santé ".
L'équipe de Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris et adversaire d'Anne Hidalgo, s'est elle réjouie de l'avis du Conseil d'Etat. Elle y voit une victoire "du droit et de la raison ". "L'avis des Sages est un véritable désaveu pour la municipalité socialiste, et témoigne de l'amateurisme dans la construction de ce projet ", écrit l'équipe de l'ex-ministre dans un communiqué, alors que la candidate réclame tout simplement un abandon pur et simple du projet.
Plusieurs associations opposées à l'ouverture de "salles de shoot" ont également approuvé l'avis du Conseil d'Etat. "On est plus que contents ", a réagi le président de Parents contre la drogue, Serge Lebigot. Thierry Vidor, du collectif contre les addictions, opposé au projet, s'est dit lui "extrêmement heureux ". La salle de shoot ouvre, selon lui, la voie à un "suicide sous assistance " et représente "la première étape vers une dépénalisation des drogues ", a-t-il commenté.
Déception et colère aussi
Mais les défenseurs du projet se sont eux empressés de rappeler qu'il n'y avait "pas de remise en cause " sur ce qui existe en matière de réduction des risques. Le Conseil d'Etat ne s'est en aucun cas "prononcé sur le fondement de santé publique du dispositif ", a tempéré la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), Danièle Jourdain-Menninger.
Ce qui n'empêche pas la déception de certains, voire la colère. C'est le cas de Pierre Chappard, coordinateur du réseau français de réduction des risques liés à la consommation de drogue. Pour lui, "le gouvernement n'a pas correctement bordé les choses (...) alors que tout était prêt pour ouvrir dans un mois ".
Rémi Féraud, le maire PS du 10e arrondissement, où devait ouvrir la première "salle de shoot" début novembre, explique ne pas être surpris de la recommandation du Conseil d'Etat. Il "espère que le gouvernement trouvera les moyens d'avancer " sur ce projet, seule façon selon lui "d'améliorer la sécurité des habitants et la santé des usagers ".
Il pourra compter pour cela sur le député PS Jean-Marie Le Guen, en pointe dans le combat pour l'ouverture d'une "salle de shoot" dans la capitale. Si lui aussi a regretté jeudi que le gouvernement n'ait pas garanti juridiquement ce projet, il s'est dit prêt à défendre à l'Assemblée les adaptations législatives nécessaires au projet.
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