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Le divorce qui ébranle l’institution religieuse du mariage juif

L’affaire remonte à quelques semaines. Le grand rabbin de France et le consistoire sont alors accusés par une famille d'avoir cautionné un chantage au divorce. Le mari avait demandé 90.000 euros à son épouse en échange de son consentement. Une vidéo a été tournée. Plusieurs organisations de la communauté juive de France en profitent pour demander une évolution du divorce religieux.
Article rédigé par franceinfo
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  (Le grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim © SIPA/ Jacques Brinon)

C'est l'institution religieuse du mariage juif qui est attaquée. En tout cas l'une de ses règles, défendue par le consistoire. C'est ce qu'on appel le "guet", un accord donné par le mari pour sceller le divorce religieux. Sans ce "guet", une juive pratiquante ne peut pas se remarier religieusement. Ce qui se sait, notamment grâce à l'association de femmes sionistes WIZO, c'est que les maris parfois profitent de cette position de force  pour faire notamment baisser la pension alimentaire.

"L’homme va utiliser le guet comme une arme, comme une pression psychologique sur la femme " (avocat)

C'est ce qui éclate au grand jour avec l'affaire du consistoire de Paris, dit l'avocate Yaël Melloul, qui compte déposer un signalement au procureur de la République. "De mon point de vue, il y a clairement complicité du consistoire et du tribunal rabbinique dans toutes les procédures de "guet", où l’homme va utiliser le "guet" comme une arme, comme une pression psychologique sur la femme. Il ne s’agit pas d’un problème dans la communauté juive. Il s’agit d’un problème du droit des femmes ", estime Maître Melloul.

 

REPORTAGE - Etienne Monin | L'institution religieuse du mariage juif remise en cause par un divorce

Un divorce payé 90.000 euros

Aujourd'hui, le tribunal rabbinique et son président le grand rabbin sont accusés d'avoir cautionné un divorce sous condition financière. En mars dernier, pour obtenir son "guet", une femme a dû se présenter devant le tribunal rabbinique avec un chèque de 90.000 euros réclamé par son mari.

C'était un accord à l'amiable après cinq ans de divorce douloureux, dit le secrétaire rapporteur du consistoire. Un accord qui s'est transformé en piège, explique Alex Buchinger. "Jamais le tribunal rabbinique de Paris n’accepterait qu’un mari monnaie la remise du "guet". En l’espèce, il y a eu des préjudices certains, des préjudices importants, dont il a demandé réparation, un accord a été scellé, des concessions réciproques ont été faites par la femme et par le mari. Il s’agissait en fait d’une pure et simple manipulation" , estime-t-il.

La transaction a été enregistrée et filmée par le camp de l’épouse. Elle donne des arguments aux opposants du "guet" et elle fragilise les instances religieuses juives, un an après la démission forcée du grand rabbin Bernheim, presque un mois avant l'élection de son successeur.

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