Les femmes pauvres, plus battues que les autres
Cette étude de l'ONDRP (l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales), publiée ce mardi dans La Croix , dresse "le profil des personnes de 18 à 75 ans s'étant déclarées victimes de violences physiques ou sexuelles par conjoint ou ex-conjoint sur deux ans ". Résultat : une personne a statistiquement plus de risques de subir des violences conjugales si elle est une femme, de 25 à 44 ans, non-mariée, en milieu urbain... dans un ménage à faibles revenus.
Les femmes pauvres, quatre fois plus victimes
Certes, les violences conjugales n'épargnent aucune classe sociale. C'est d'ailleurs ce que clament les associations de défense des femmes battues depuis longtemps, pour lutter contre l'omerta qui règne dans certains milieux. Néanmoins, le taux de femmes qui se déclarent victimes atteint les 35‰ (bien lire pour 1000) dans les 10% de ménages aux revenus les plus faibles. Contre 8‰ dans les 10% de ménages aux revenus les plus élevés. "Les femmes les plus pauvres ont une fréquence de violences déclarées quatre fois plus élevée que les femmes des ménages les plus riches ", résume Cyril Rizk, responsable des statistiques de l'ONDRP, invité de France Info.
Le phénomène s'explique par une forme d'engrenage enclenchée par la misère. "On peut imaginer que la pauvreté est une cause possible de violences , avance Cyril Rizk. Mais on peut aussi penser qu'une fois qu'on est dans une situation de violence et qu'on est par ailleurs dans un ménage pauvre, on n'a pas forcément les moyens de sortir de cette situation aussi aisément que dans d'autres conditions ". La précarité aiderait donc à entrer dans la violence conjugale, tout en n'aidant surtout pas à en sortir. Un phénomène déjà décrit par une étude britannique en 2004.
1,2% des Français, victimes de violences conjugales
Pour réaliser cette enquête, l'ONDRP a précédemment -de 2008 à 2012-interrogé un large panel de 66.920 hommes et femmes, leur demandant s'ils avaient été victimes de ce type de violences. Il ressort que 1,2% d'entre eux ont répondu par l'affirmative. Soit une estimation à l'échelle de la population de 540.000 "victimes déclarées" sur deux ans.
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