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Témoignage Mariage pour tous : emmenée à 13 ans par ses parents dans les cortèges de la Manif pour tous, elle raconte son coming-out, dix ans plus tard

Il y a 10 ans, la "Manif pour tous" envahissait les rues de France pour exprimer son hostilité au mariage pour tous. Des cortèges composés de familles et leurs enfants, comme Maëlle, qui s'est confiée à franceinfo.
Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des sympathisants de la "Manif pour tous" à Paris, le 2 février 2014. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Il y a dix ans tout juste, la loi donnant aux personnes de même sexe la possibilité de se marier était promulguée. Mais c'est un autre souvenir que certains ont en tête : celui des slogans de haine et des drapeaux roses et bleus de la Manif pour tous. Des cortèges auxquels des enfants et des adolescents ont participé à l'époque. C'est le cas de Maëlle (le prénom a été modifié). 

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Elle est allée à l'église toute sa jeunesse et vient d'une famille protestante évangélique. Maëlle a 13 ans quand le mouvement de la Manif pour tous émerge. "On a commencé à nous en parler au catéchisme, à nous dire que si on avait des attirances pour les personnes du même genre que nous, c'était mal, qu'on pouvait en parler au pasteur et que ça pouvait se guérir."

A 13 ans, ses parents l'emmènent dans les cortèges

C'est dans ce contexte que ses parents, indécis au départ, l'emmènent finalement à Lyon dans l'un de ces cortèges familiaux. Il y avait "beaucoup d'enfants et je me rappelle surtout des prêches parce que c'était surtout à ça que ça ressemblait". Des prêches "très vindicatifs", qui disaient "qu'on allait autoriser l'adoption, que c'était dangereux pour les enfants".

"L'ambiance de la Manif pour tous, c'était pas 'Aime ton prochain'. C'était : 'Punis ton prochain s'il n'est pas comme toi'."

Maëlle

à franceinfo

Maëlle continue d'egrener ses souvenirs : "Progressivement je me rends compte de mon attirance pour des filles.". "Il y avait toujours ces mots qui résonnent en moi : 'C'est pas normal !' Avec le temps, Maëlle réalise que "c'est une violence personnelle assez intense".

"Je savais au fond de moi que j'étais bisexuelle"

Les années passent et Maëlle rejette l'église. Elle se rebelle contre ses parents. "Je me rendais compte de l'homophobie dans laquelle je baignais, explique-t-elle. Ça a fini petit à petit par remettre la question de la Manif pour tous sur le tapis. Alors je leur ai demandé pourquoi et j'ai eu un mea culpa de mon père qui m'a dit : 'Bah oui tu as raison ! On aurait jamais dû y aller en fait c'est contre nos valeurs ! On a cru bien faire, mais ce n'était pas le cas'."

A 23 ans, aujourd'hui Maëlle s'est réconciliée avec ses parents, notamment avec son père. "J'ai eu une très belle discussion avec lui ; il m'a dit : 'On ne fait pas des enfants pour qu'ils soient comme nous'." Maëlle s'est réconciliée mais pas forcément avec elle-même. "J'ai encore cette honte aujourd'hui, pas tant de la Manif pour tous en elle-même, que d'avoir cru ce qu'on m'avait dit alors même qu'au fond de moi, je savais déjà, un peu, que j'étais bisexuelle."

"Souvent, je ne me suis pas sentie légitime dans les milieux LGBT parce que je venais d'une famille croyante et que j'ai participé à la Manif pour tous. Je suis qui, finalement ?"

Maëlle

à franceinfo

Depuis plusieurs années, Maëlle n'est plus retournée à l'église. "Dans la Bible il est écrit que Dieu aime tout le monde, mais je ne vois pas pourquoi il n'aimerait pas les enfants LGBT, parce que c'est lui qui les a créés." Maëlle conclut : "Je ne crois plus dans le Dieu qu'on m'a vendu."

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