Manifestation contre la PMA : "C'est l'essor de la marchandisation de la vie", déplore Jean-Frédéric Poisson
Le président du Parti chrétien-démocrate était l'invité de franceinfo dimanche 6 octobre avant le début de la manifestation.
Les opposants à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes appellent à une marche dimanche 6 octobre à Paris, en plein débat sur le projet de loi bioéthique à l'Assemblée nationale. "C'est l'essor de la marchandisation de la vie, avec la perspective des mères porteuses d'un côté, puis d'un autre côté l'ouverture du marché de la procréation", a déclaré dimanche 6 octobre sur franceinfo Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate.
Pour quelles raisons serez-vous présent à la marche anti-PMA de ce dimanche ?
Jean-Frédéric Poisson : Priver délibérément un enfant d'un père, alors qu'un père est irremplaçable au fond, et le faire par la loi et officiellement dans l'état civil, est quelque chose de brutal, de violent pour les enfants. La technique est en train de prendre le pas sur beaucoup d'aspects de notre vie quotidienne, au mépris de l'humain. Ca comporte des dangers. La dernière raison est la plus évolutive de toutes : c'est l'essor de la marchandisation de la vie, avec la perspective des mères porteuses et l'amendement de cette semaine d'un côté, puis d'un autre côté l'ouverture du marché de la procréation, la fabrication d'un marché de la procréation en permettant à des établissements privés, à but lucratif, de conserver des gamètes en vue de la procréation médicalement assistée. Tout cela en fait un texte extrêmement symbolique bien sûr, mais qui porte pour nous des risques considérables pour l'ensemble du corps sociétal.
Avez-vous l'impression que le gouvernement n'écoute pas une partie des Français que vous représentez ?
Pas seulement le gouvernement, la majorité parlementaire aussi. J'observe que la majorité parlementaire elle-même n'écoute pas son gouvernement, quand je vois un certain nombre d'amendements et de débats internes. Les dissensions internes au sein de la majorité montrent qu'elle n'écoute pas grand monde, et le gouvernement non plus. On manifeste pour faire pression sur le pouvoir exécutif, tous les manifestants font ça en espérant être entendus. On espère surtout être entendus sur le fait que quand on regarde ce texte, non pas par le prisme de l'affection familiale, de l'amour familial ou parental, ce qui est une réalité noble, mais par le prisme de la forme, de l'orientation que ça donne à l'ensemble de la société, on doit pouvoir changer d'avis. Ca fait partie de nos intentions, d'aider à avoir un regard différent, à changer de point de vue, au sens strict du terme, sur ce texte, pour voir toutes les évolutions qu'il contient et qui sont néfastes pour le corps social.
Allez-vous marcher contre le fait que des gens obtiennent des droits ?
Je marche contre le texte proposé par le gouvernement, qui est un texte législatif et qui inscrit des droits dans une loi. Sous ce rapport, votre formulation est juste. Mais ma motivation n'est pas d'aller marcher contre quelqu'un, ma motivation consiste à défendre cette conception de la société dans laquelle je pense que le fait de mentir dans l'état civil sur le fait qu'un enfant n'a pas de père, est symboliquement grave pour nous tous. Il y a quelque chose qui est porteur d'un danger d'une déstablisation pour la société. Les personnes concernées n'y peuvent rien, ne veulent pas cette déstabilisation, je ne fais pas de procès d'intention. Il y a à terme des conséquences dont il faut se prémunir, et c'est contre ces conséquences que je marche. Je pense qu'un père est irremplaçable. Je sais d'expérience, aussi, que chacun fait ce qu'il peut avec les accidents de la vie. Les deux parents sont irremplaçables. La vie, de temps en temps, ne donne pas à tous les enfants ce luxe d'avoir deux parents. Mais un père est irremplaçable et tout ce qui conduit à inventer artificiellement et dans la loi cette situation, dans laquelle on évacue quelqu'un qui est irremplaçable, me paraît dangereux pour nous tous.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.