Manifestations propalestiniennes : "Le problème, c'est l'instrumentalisation politique", estime le président de l'université de Strasbourg

"Je pense que, par exemple, celles et ceux qui sont sincèrement épris de la cause palestinienne devraient avoir un goût un peu plus prononcé pour la pédagogie", réagit Michel Deneken, mercredi sur franceinfo.
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Le président de l'université de Strasbourg (Bas-Rhin), Michel Deneken, le 31 mars 2022. (MARTIN LELIEVRE / HANS LUCAS)

"Sur les dizaines et des dizaines d'universités françaises, les blocages sont quand même peu nombreux et ça concerne peu de personnes, le problème, c'est l'instrumentalisation politique de ces affaires-là", a estimé mercredi 1er mai sur franceinfo Michel Deneken, président de l'université de Strasbourg et de Sciences Po Strasbourg, bloqué mardi par des étudiants en soutien aux Palestiniens.

La mobilisation sur les campus français pour Gaza est une "cause juste" et "tout à fait légitime", aux yeux du président de l'université de Strasbourg. Il se dit pour autant "frappé" du "peu de pédagogie" dans ce mouvement, alors que l'université "a un moyen par excellence qu'est le débat, la critique", d'autant que "la situation à Gaza est extrêmement compliquée". "Je pense que, par exemple, celles et ceux qui sont sincèrement épris de la cause palestinienne devraient avoir un goût un peu plus prononcé pour la pédagogie", a-t-il appuyé.

"La doctrine, c'est zéro occupation"

Quelques jours après une mobilisation émaillée de tensions à Sciences Po Paris, avec intervention des forces de l'ordre, la police est aussi intervenue lundi à la Sorbonne pour évacuer des militants et mardi à Rennes pour disperser dans le calme la dizaine d'étudiants qui bloquaient pacifiquement le site de Sciences Po Rennes. Des interventions policières qui ont fait réagir des syndicats de l'enseignement supérieur et la Ligue des droits de l'homme (LDH) qui ont alerté sur la "répression" des mobilisations étudiantes pro-Gaza et la restriction de la liberté d'expression dans les universités françaises. "Un président a parfaitement le droit de demander aux forces de l'ordre d'intervenir", car il y a "une mission qui est d'assurer la sécurité" des personnes et des biens, a rappelé Michel Deneken.

"Il y a incontestablement une difficulté à comprendre que les universités sont des institutions qui ne dérogent pas au droit commun."

Michel Deneken, président de l'université de Strasbourg

sur franceinfo

Celui qui est à tête de l'association des dix plus grosses universités françaises de recherche (Udice) est revenu sur le blocage du site de l'Institut d'études politiques (IEP) de Strasbourg mardi. "Il suffit de 30 étudiants pour bloquer une fac ou une université, ça a été le cas hier à Strasbourg", a-t-il commenté, ajoutant "ne pas être dans le rapport de force". "Hier (mardi), par exemple, les étudiants ont bloqué, il y a eu discussion pour que le personnel puisse quand même travailler et ça s'est bien passé, ils sont repartis l'après-midi", a souligné le président de l'université de Strasbourg. "Nous ne mettons pas d'huile sur le feu, mais nous avons des lignes rouges que nous refusons de franchir", a-t-il poursuivi. Il a rappelé que dans son université, "la doctrine, c'est zéro occupation", notamment les "occupations nocturnes ou les squats dans des bâtiments".

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