Cet article date de plus de sept ans.

Marche contre l'homophobie : "C'est devenu une vraie question de société"

Il a marché 700 kilomètres pour lutter contre l'homophobie : Julien Mas, militant de l'association LGBT Le Refuge, est arrivé jeudi à Montpellier après un périple d'un mois. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Julien Mas, le 2 mai 2017 à Paris, avant de prendre la route pour rejoindre Montpellier.  (CITIZENSIDE/ALPHACIT NEWCIT / CITIZENSIDE)

Julien Mas, militant de l'association Le Refuge, est arrivé jeudi 1er juin à Montpellier, après une marche de 700 kilomètres pour sensibiliser à l'homophobie. Le marcheur de 34 ans est parti le 2 mai de Paris et a rencontré les habitants de nombreux villages français, dans le but de briser les idées reçues sur l'homosexualité.

"C'est devenu une vraie question de société, ça n'était pas qu'une question communautaire", a souligné Julien Mas sur franceinfo. Le militant a été agréablement surpris de l'accueil qui lui a été réservé pendant son périple.

franceinfo : Pourquoi vous êtes-vous lancés dans cette aventure ? Quel était votre but ?

Julien Mas : Ça a commencé il y a quelques années. Je suis réalisateur pour la télévision et, dans le cadre d'un documentaire, j'avais interviewé, rencontré des jeunes du Refuge. C'est comme ça que j'ai découvert le travail de cette association, et puis surtout, en passant du temps avec les jeunes, j'ai réalisé la dureté de leur parcours de vie. Ils me sont restés en tête. Courant et marchant pas mal, je me suis dit un jour que ce serait pas mal de faire du sport utilement et de rejoindre Paris à Montpellier, puisque j'habite à Paris, et Montpellier, c'est là où a été créé le Refuge en 2003. Il se trouve qu'entre Paris et Montpellier, je suis passé dans une France plutôt rurale et des petites villes, dans des départements où le Refuge n'est pas présent. C'était vraiment aller à la rencontre des citoyens pour faire connaître le Refuge, pour qu'il y ait des jeunes qui pourraient se sentir isolés dans ces départements qui prennent connaissance de cette association et se sentent un peu moins seuls. Et puis effectivement, pour discuter avec les habitants, et les pouvoirs publics locaux aussi, d'homosexualité et essayer de déconstruire quelques idées tenaces.

Que retenez-vous de cette expérience ? Comment vous ont accueilli les gens ?

Le sentiment général, c'était beaucoup, beaucoup de bienveillance. Dans des territoires qu'on pourrait considérer comme pas faciles, j'ai rencontré des gens franchement extraordinaires, extrêmement gentils, qui avaient envie de dire à tous ces jeunes qui pourraient se sentir isolés, qu'ils avaient des mains tendues, et que des gens étaient là pour venir leur parler. Ce qui m'a marqué de manière plus générale, et c'est important de le dire, c'est que les gens qui sont venus n'étaient pas forcément que des gays et des lesbiennes. On a vraiment des gens qui ne sont pas forcément touchés par ça de prime abord, mais qui ont envie d'améliorer le vivre ensemble. C'est devenu une vraie question de société, ça n'était pas qu'une question communautaire. Pour les gens touchés de près, des gays des lesbiennes et même des trans, cette marche et ma venue dans leurs villes et leurs villages était pour eux l'occasion de s'exprimer, tout simplement, sur ce qu'ils peuvent vivre au quotidien, sur certaines difficultés.

Avez-vous suivi la polémique sur Cyril Hanouna ? Qu'en ont pensé les gens que vous avez rencontrés ?

Je l'ai suivie de loin, je n'ai pas vu la séquence mais j'étais quand même connecté sur les réseaux sociaux, donc j'ai un peu vu ce qu'il se passait. Par rapport à cette séquence, et par rapport à ce type d'émissions, je pense que, sous couvert d'humour, on a tendance un peu à se déresponsabiliser. Or, je pense qu'un animateur qui est suivi par des millions de personnes, et notamment par des jeunes, qui a un vrai impact auprès d'eux, ne peut pas se défaire de la responsabilité qu'il a. Et derrière sa responsabilité, il ne peut pas faire n'importe quoi. Très franchement, tous les gens que j'ai côtoyés lors de cette marche après la polémique, ça leur passait au-dessus. C'était des gens qui sont dans un concret, dans un quotidien, qui ont juste envie de faire avancer les choses et pas trop de s'occuper de la sphère médiatique, qui est très loin d'eux.

"Le sentiment général, c'était beaucoup, beaucoup de bienveillance." Julien Mas, militant de l'association Le Refuge.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.