Cet article date de plus de six ans.

Résidence alternée : "C'est bien que mes enfants voient autant leurs deux parents"

Au lendemain du début de l'examen à l'Assemblée d'une proposition de loi sur la résidence alternée, trois parents racontent pourquoi ils ont choisi ce mode de garde.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le vote sur la proposition de loi sur la résidence alternée pourrait ne pas intervenir avant le mois de mai 2018. (BURGER / PHANIE / AFP)

"L'enfant a besoin d'avoir ses deux parents dans sa construction." Le député MoDem de la Vendée Philippe Latombe a déposé une proposition de loi visant à développer la résidence alternée, qui a été débattue, jeudi 30 novembre, à l'Assemblée nationale. Le texte, qui a rencontré des oppositions de tous bords, a été défendu par le gouvernement pour son intérêt "essentiellement symbolique". Les débats n'ont toutefois pu se terminer dans la nuit et pourraient ne reprendre qu'en mai.

Aujourd'hui, la résidence alternée n'est prononcée que dans 17% des cas de divorce, tandis que 73% des enfants se retrouvent chez leur mère, 7% chez leur père et 3% chez un tiers. Pour en savoir plus sur l'expérience de la résidence alternée, franceinfo a lancé un appel à témoignages. Voici le point de vue de trois parents ayant accepté d'expliquer pourquoi ils ont opté pour cette solution après une séparation. Tous ont le point commun de vivre à proximité de leur ex-conjoint.

Katia : "Une évidence"

Katia s'est séparée de son compagnon il y a cinq ans. "Nous n'étions pas mariés, donc nous n'avons pas eu à passer devant un juge, raconte-t-elle. Nous avons d'office décidé d'opter pour la garde alternée, c'était une évidence que nos enfants voient leur père et leur mère à temps égal." Ses enfants avaient alors 6 mois et 3 ans. Sur les conseils d'une pédopsychiatre, la répartition a commencé avec de courtes périodes : le lundi et le mardi chez l'un, le mercredi et le jeudi chez l'autre, et le week-end en alternance une semaine sur deux. Désormais, les enfants "déménagent" une fois par semaine, le vendredi soir.

La mère se dit satisfaite de ce fonctionnement, devenu "la norme" pour ses enfants, qui n'ont "pas de souvenir de leur vie avec les deux parents" et "ne s'en sont jamais plaints""A l'époque, j'avais lu des articles sur le sujet et tous mettaient en garde contre la garde alternée, disant que ce n'était pas bon de séparer trop longtemps de jeunes enfants de leur mère, se souvient cette professeure des écoles. A les croire, j'envoyais mes enfants droit dans le mur, avec des problèmes de comportement et de scolarité en vue. Il n'en est rien."

Grégory : "Un planning sur-mesure"

Pour Grégory, la résidence alternée était presque déjà un art de vivre. "Ma compagne était hôtesse de l'air, donc j'étais souvent seul avec mes enfants, témoigne ce journaliste. A l'heure de la séparation, l'an dernier, il était hors de question pour nous qu'un parent puisse avoir la garde plus qu'un autre." Dès lors, avec l'aide de médiateurs, il a fallu définir "un planning sur-mesure", tenant compte du rythme particulier de la vie d'hôtesse de l'air, "sans pour autant en faire la trame de la vie des enfants".

Cela a demandé de l'organisation, mais ça fonctionne bien. Avec l'expérience, on peut même solliciter nos enfants pour des modifications selon leurs souhaits.

Grégory

à franceinfo

Alors âgés de 13 et 16 ans, les deux adolescents ont bien digéré la résidence alternée. "Cela a stimulé leur capacité d'adaptation, et ça a même débloqué certains discours, pour mettre des mots sur des peurs et des sentiments", estime leur père. Ce dernier salue par ailleurs la prise en compte par les administrations des "nouveaux modèles familiaux""Par exemple, les bulletins scolaires peuvent être envoyés aux deux adresses, et les impôts prennent bien en compte la garde alternée", précise-t-il.

Bertrand : "L'enfant doit savoir ce qui se passe dans chaque foyer"

Se présentant comme un "vieux père" de 66 ans, Bertrand vit au rythme de la résidence alternée depuis bientôt dix ans. Sa fille avait alors 3 ans. Pour lui, "à partir du moment où les parents sont d'accord, que c'est gérable et qu'il n'y a pas d'obstacle manifeste, on ne peut pas être contre ce dispositif". Il ne comprend pas l'opposition de "certaines associations féministes ou de certains psychiatres", qu'il juge "à côté de la plaque". Ce médecin dit avoir été surpris par la récente chronique sur franceinfo de la psychanalyste Claude Halmos, qui a qualifié la résidence alternée de "réponse dangereuse" qui génère "souvent" des "souffrances" chez les enfants.

Le gamin a besoin de savoir ce qu'est la vie de son père et de sa mère, de manière égale.

Bertrand

à franceinfo

Pour Bertrand, la résidence alternée "permet à l'enfant de savoir ce qui se passe dans chaque foyer". "J'ai une nouvelle compagne depuis quelques années, cela se passe bien avec ma fille, elles ont pu faire connaissance progressivement une semaine sur deux, raconte-t-il. En tant que père, je trouverais choquant de ne voir ma fille qu'un week-end sur deux."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.