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Annonces d'Emmanuel Macron sur le nucléaire : "Des décisions bien tardives", regrette Hervé Morin

S'il confirme la construction de deux autres réacteurs dans la région qu'il préside, la Normandie, l'ancien ministre estime que l'installation de 50 parcs éoliens va être "très compliquée".

Article rédigé par franceinfo
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Hervé Morin, président de la région Normandie, le 21 juillet 2019. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron avec la construction de 6 à 14 réacteurs pour 2050, et l'essor de l'éolien marin, mais un coup de frein sur les éoliennes terrestres, Hervé Morin, le président de la région Normandie, réagit vendredi 11 février sur franceinfo. L'ancien ministre regrette "des décisions bien tardives".

franceinfo : Est-ce que vous saluez le plan du chef de l'État ?

Hervé Morin : C'est très franchement une décision bien tardive. Je vous laisse mesurer la cohérence de tout cela. On est face à un défi qui est la décarbonisation de notre économie. On a un autre défi : c'est d'avoir de l'électricité la moins chère possible pour nos compatriotes et pour l'industrie. Depuis dix ans, la France est à l'arrêt sur la question de la filière nucléaire. Ce qui nous amène aujourd'hui à importer de l'électricité produite en Allemagne par des usines fournies par le charbon. Nous avons aujourd'hui une filière électronucléaire qui a besoin de renouveler son parc et de l'étendre pour une raison très simple. C'est que toutes les projections démontrent que nous aurons besoin de plus en plus d'électricité. Si on veut décarboner l'économie, il faudra de plus en plus d'électricité. Et on est tout de même juste à la veille d'une nouvelle élection présidentielle, Emmanuel Macron change de cap, change de pied.

Faut-il construire d'autres EPR, notamment dans votre région la Normandie, où se trouve le chantier de l'EPR de Flamanville dans la Manche ?

Bien sûr qu'il en faut d'autres en Normandie. Oui, bien sûr. La prochaine centrale sera à Penly [Seine-Maritime], où seront construits deux réacteurs. Les appels d'offres, d'ailleurs, sont déjà en cours sur l'ensemble de la plateforme et l'ensemble des travaux publics nécessaires. Nous y travaillons dans un immense consensus politique allant des communistes à la droite, hormis Europe Écologie Les Verts bien entendu. Pour faire en sorte qu'on soit en mesure d'accueillir un chantier qui va représenter tout de même entre 8 et 10 000 emplois.

Est-ce que vous êtes prêt, vous, à planter des dizaines et des dizaines d'éoliennes au large des côtes de la Normandie ?

Les 50 parcs, vous les mettez où ? En Normandie, on en a déjà quatre. Deux en construction, deux en projet. Moi, je veux simplement dire une chose simple, évidente : c'est que la mer n'appartient pas simplement aux énergies marines renouvelables. Elle appartient aussi aux pêcheurs. Et donc il y a tout de même des conflits d'usage qu'il faut avoir en tête. Et planter 50 parcs sur l'ensemble des rivages de France, ça va tout de même être très compliqué.

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