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Rejet de la réforme de sûreté nucléaire : "C'est un camouflet pour le gouvernement", estime la députée Delphine Batho

L'élue des Deux-Sèvres, coordinatrice nationale de Génération Écologie, a invité sur franceinfo le gouvernement "à ne pas s'acharner" en demandant une deuxième délibération sur le texte.
Article rédigé par franceinfo
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La députée des Deux-Sèvres Delphine Batho, en 2022. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

"C'est un camouflet pour le gouvernement", a estimé, sur franceinfo, la députée des Deux-Sèvres Delphine Batho, coordinatrice nationale de Génération Écologie, après le rejet en première lecture par l'Assemblée nationale de la réforme de sûreté nucléaire mercredi 15 mars. Le texte prévoit la fusion de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), expert technique, et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales.

"Le gouvernement porte une réforme de la sûreté nucléaire - qui est un sujet grave, sérieux - à la légère, à la hussarde", juge Delphine Batho. "Cette réforme est extrêmement dangereuse." Selon elle, le rejet du texte est "le résultat de la mobilisation des salariés de l'IRSN et de nombreuses expertes et experts de la sûreté nucléaire", ce qui a permis qu'un "certain nombre de députés, de toutes sensibilités, ont commencé à s'informer, ont commencé à vouloir comprendre les enjeux de cette réforme et finalement ne l'ont pas votée".

"On ne peut pas jouer avec la sûreté nucléaire dans notre pays."

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres

sur franceinfo

"Le fait de fusionner ce qui est aujourd'hui l'IRSN avec l'Autorité de sûreté nucléaire met en cause l'indépendance et la transparence de l'expertise, qui ensuite alimente les avis de l'Autorité de sûreté nucléaire", ajoute Delphine Batho, rappelant que le parc nucléaire français est "vieillissant", a des "problèmes de corrosion sous contrainte", ce qui met "une charge de travail importante pour toutes celles et tous ceux qui travaillent dans le domaine de la sûreté nucléaire".

Deuxième délibération possible

La coordinatrice nationale de Génération Écologie estime donc que "c'est le plus mauvais moment pour faire une réorganisation". "Quand on fusionne des organismes ou des services, ça met trois ou quatre ans pour que les choses se stabilisent". Delphine Batho assure que cette réforme "entraîne une paralysie dans un moment où on a besoin au contraire d'être au top de nos capacités en matière de sûreté nucléaire".

"Je déconseille très fortement au gouvernement de s'acharner."

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres

sur franceinfo

Malgré ce vote, le gouvernement peut encore recourir à une deuxième délibération. Mais pour la députée, "ce serait prendre une très grave responsabilité". "La plupart des lois qui concernent la sûreté nucléaire en France ont été adoptées avec des majorités larges, voire quasiment consensuelles", souligne-t-elle. "Qu'on soit pour le nucléaire ou qu'on soit contre le nucléaire ou pour la sortie du nucléaire, il y a aujourd'hui des installations nucléaires en France, et elles doivent fonctionner de façon la plus sûre possible." Delphine Batho appelle l'exécutif à "respecter le vote du Parlement, entendre ce qui a été dit par les députés de toutes sensibilités et changer radicalement de méthode".

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