Reportage Déchets nucléaires : dans la Manche, l'usine Orano de La Hague multiplie ses chantiers de retraitement des combustibles usés

Avec la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, l'usine située au nord de Flamanville doit anticiper différents projets de traitement et de recyclage. Deux nouvelles usines doivent également voir le jour d'ici à 2050.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Des journalistes marchent dans un couloir de l'usine de retraitement de la Hague (Manche), le 30 août 2024. (LOU BENOIST / AFP)

Le nucléaire en chantier. L'EPR de Flamanville doit bientôt démarrer, dans la Manche, EDF attend le feu vert de l'Autorité de sûreté nucléaire. L'ASN qui doit se prononcer "dans les prochains jours", pour initier la "divergence" du réacteur nouvelle génération, c’est-à-dire la première réaction nucléaire.

Le grand chantier de l'EPR de Flamanville désormais terminé, un autre chantier se profile déjà concernant le traitement des déchets nucléaires par l'usine Orano à la Hague, à 20 kilomètres au nord de Flamanville. Car à l'heure de la relance du nucléaire portée par Emmanuel Macron, avec la construction annoncée de nouveaux réacteurs EPR 2 et la prolongation des centrales actuelles, Orano doit anticiper de nouveaux circuits de traitement et de recyclage du combustible usé.

Sur le site normand d'Orano, de grands projets sont donc à venir, en plus des chantiers en cours. Le géant français est en transformation permanente et l'un des chantiers du moment concerne son cœur radioactif, sous l'eau bleue limpide. "Là, on est devant l'une des piscines d'entreposage", décrit Jean-Christophe Varin. Le directeur adjoint d'Orano à la Hague désigne les longs paniers plongés dans la piscine. Ils contiennent le combustible radioactif et seront remplacés dans un an.

Jean-Christophe Varin, le directeur adjoint du site Orano La Hague, devant l'une des piscines d'entreposage du combustible radioactif. (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

"On a un projet de densifier ces piscines, explique-t-il. Ça consiste à avoir conçu des paniers de plus petite taille. Forcément, ils prennent moins de place. Aujourd'hui, on a de l'ordre de 10  400 tonnes de combustibles entreposés dans les piscines. La capacité d'entreposage de l'usine de la Hague est de 14 000 tonnes, et grâce à ce projet de densification, on est capable d'augmenter de plus de 30% les capacités."

Deux usines supplémentaires prévues

D'autres changements, bien plus grands, sont à l'étude. Pour accompagner le démarrage de nouveaux réacteurs en France, prévu dans une quinzaine d'années, Orano prépare la construction de deux usines supplémentaires à la Hague. La première pour traiter plus de combustibles usés, la seconde pour fabriquer un nouveau combustible, le MOX, avec l'uranium et le plutonium recyclés.

Ce bloc cylindrique peut contenir du combustible usé pour être ensuite traité et recyclé sur le site de la Hague. (LAURIANE DELANOE / RADIO FRANCE)

Le directeur adjoint d'Orano espère voir les premiers coups de pioches en 2030 "pour une mise en service de l'usine de combustibles MOX aux environs de 2040, et l'usine de traitement et de recyclage entre 2045 et 2050. Pour que nos futures usines soient en capacité de traiter les combustibles utilisés dans les réacteurs EPR 2, mais aussi d'autres réacteurs de petite taille".

Cela s'inscrit dans la stratégie française d'indépendance énergétique, souligne Jean-Christophe Varin. "Ça permet d'économiser les ressources en uranium naturel", avance-t-il. 

"Le recyclage de l'uranium et du plutonium permet d'économiser 25% des ressources en uranium naturel. Et c'est une stratégie tout à fait importante pour l'ensemble du cycle nucléaire français."

Jean-Christophe Varin, directeur adjoint d'Orano à la Hague

à franceinfo

Et ces projets apporteront de l'emploi. Actuellement, Orano recrute 600 personnes par an, en CDI et en CDD, dans le Cotentin. Le rythme va s'accélérer : la direction cherche dès maintenant des ingénieurs, pour concevoir ces nouvelles usines. 

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