Reportage "Le moment que nous attendons tous avec impatience" : après 12 ans de retard, le démarrage de l'EPR de Flamanville n'est plus qu'une question de semaines

Les équipes d'EDF se préparent à la "divergence", la première fission dans ce réacteur de nouvelle génération. Franceinfo a pu visiter le site situé dans la Manche.
Article rédigé par Lauriane Delanoë
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le site EDF de Flamanville, avec les bâtiments de l’EPR devant et ceux des deux autres réacteurs à l’arrière. (LAURIANE DELANOE - FRANCEINFO - RADIOFRANCE)

Une question de jours. La France s'apprête à démarrer son nouveau réacteur nucléaire avec près de douze ans de retard. Après l’autorisation de mise en service et le chargement du combustible dans l’EPR de Flamanville il y a deux mois, les équipes d’EDF se préparent pour la "divergence", c’est-à-dire la première fission dans ce réacteur de nouvelle génération.

Pour l’instant, les opérateurs de Flamanville s’entraînent à cette première réaction sur un simulateur, "sur quatre grands écrans", explique François Tronet, formateur pour EDF. "La divergence, ce sont des opérations qui sont complexes, ce sont de longues actions afin d'initier la réaction en chaîne. Chaque 'poc' que l'on entend, ce sont 1000 neutrons qui viennent toucher le détecteur", précise-t-ilAutant de neutrons qui viendront casser les noyaux d’uranium dans le réacteur.

Le simulateur de la salle de commande de l’EPR de Flamanville. (LAURIANE DELANOE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

"La divergence, c'est à ce moment-là que le cœur de l'EPR va vraiment se mettre à battre, détaille Grégory Heinfling, directeur des équipes d’exploitation de l’EPR de Flamanville. Les équipes s'entraînent une à deux fois par semaine. Il y a énormément d'envie, la plupart de nos opérateurs sont là depuis le début du projet et se sont énormément impliqués".

"L'envie ne dépasse pas la concentration. Et forcément, sur un premier démarrage, on a une phase de rodage. On prend le temps de tout contrôler selon une procédure très précise".

Grégory Heinfling, directeur des équipes d’exploitation de l’EPR de Flamanville

à franceinfo

Le réacteur va encore passer des essais à chaud, puis l’Autorité de sûreté nucléaire devra donner son feu vert pour la divergence. "Nous avons réalisé, ces semaines passées, tous les essais dits à froid. Aujourd'hui, le réacteur a été mis à sa pression et sa température nominales de fonctionnement, donc 300 degrés, où nous réalisons des essais dits à chaud. Nous faisons des tests de variation de températures : le week-end dernier, nous avons fait un refroidissement rapide à 110 degrés et nous allons remonter cette semaine à 303 degrés... Ces essais sont des préalables en terme de sûreté", décrit Alain Morvan, le directeur du projet de l’EPR de Flamanville.

"La machine vit déjà"

Une opération prévue pour les prochaines semaines, souligne Alain Morvan, qui nous mène dans la salle des machines qui frémissent déjà. "Le cœur du réacteur ne bat pas encore, mais la machine vit déjà : un petit peu de chaleur, un petit peu de vibrations... C'est l'installation qui démarre, se réjouit-il. On a rempli d'eau, on a chauffé l'eau, et l'ensemble des pompes permet de faire circuler cette eau dans l'installation. La prochaine étape, c'est la divergence dans les semaines à venir. Le moment que nous attendons tous avec impatience".

Alain Morvan, le directeur du projet de l’EPR, dans la salle des machines. (LAURIANE DELANOE - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

Après la divergence, le réacteur montera progressivement en puissance. EDF compte le raccorder au réseau au cours de l’été 2024. C’est à ce moment-là que l’EPR commencera à produire de l’électricité après douze ans de retard.

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