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Extension de la PMA : "Peut-on accepter qu'un enfant soit délibérément privé de père ?", se demande l'Académie nationale de médecine

L'Académie nationale de médecine a publié samedi 21 septembre un rapport dans lequel elle émet des réserves sur l'ouverture à la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. L'absence d'un père aurait selon l'Académie, des conséquences sur le développement de l'enfant.

Article rédigé par franceinfo
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Une pancarte "PMA pour toutes", lors de la marche des fiertés à Rennes, le 8 juin 2019.   (MAUD DUPUY / HANS LUCAS / AFP)

Dans un rapport publié samedi 21 septembre sur le projet de loi de bioéthique, l'Académie nationale de médecine émet des réserves sur l'ouverture à la PMA, la procréation médicalement assistée, aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. "La conception délibérée d'un enfant privé de père n'est pas sans risques pour son développement", détaille le rapport.

Dans ce texte, le comité d'éthique de l'Académie nationale de médecine (ANM) avance que la PMA est une mesure "à caractère sociétal" et que "au-delà des convictions de chacun, elle ne s'estime pas à même de donner un avis hors du champ de ses missions". Cependant, elle estime "de son devoir" d'émettre un certain nombre de réserves.

"Rupture anthropologique majeure"

Elle pointe ainsi "le droit de tout enfant à avoir un père et une mère dans la mesure du possible". La PMA créerait donc une "rupture volontaire d'égalité entre les enfants". "Une rupture anthropologique majeure qui n'est pas sans risques pour le développement psychologique et l'épanouissement de l'enfant", considère l'ANM. L'Académie insiste sur l'importance de la figure du père, "fondatrice pour la personnalité de l'enfant". Selon elle, "l'existence de deux mots distincts, père et mère, signifie que l'un ne peut se substituer à l'autre car le rôle des mères et des pères ne sont pas équivalents." 

"Le père et la mère n'ont pas le même rôle dans l'éducation d'un enfant" 

Jean-François Mattei, rapporteur au nom du Comité d’éthique de l’ANM et ancien ministre de la Santé, explique à franceinfo pourquoi l'ANM exprime de telles réserves. Pour lui, "le père et la mère n'ont pas le même rôle dans l'éducation d'un enfant. Ça ne veut pas dire que nous ne comprenons pas que toute femme puisse avoir un désir de maternité. C'est tout à fait légitime. Quand on prend la discussion par le biais du désir des femmes d'être mère et d'élever un enfant, il n'y a rien à dire. En revanche, quand on se penche sur cette question par le biais de l'enfant, peut-on accepter qu'un enfant soit délibérément privé de père ? Nous disons : attention, il y a des risques, pour son épanouissement et son futur."

Pour Jean-François Mattei, la question de la PMA n'a "rien de médical". "La fécondation in vitro date du début des années 80, l'insémination artificielle date des années 70. Mettre ce sujet dans la loi de bioéthique est une erreur." "Sur le plan sociétal, chacun a ses convictions, conclut-il. Mais sur le plan médical, les psychiatres nous disent : nous ne sommes pas toujours capable de dire ce qu'apporte un père mais en revanche, nous sommes capables de dire ce que son absence provoque. C'est aussi clair que ça."

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