PMA pour toutes : entre "vrai progrès" et délais parfois très longs, le parcours demeure délicat pour les femmes qui ont recours au dispositif
Neuf mois après l'extension de la PMA à toutes les femmes, les délais pour obtenir un premier rendez-vous sont très différents d'un département à l'autre et peuvent même dépasser un an. Les avancées sont réelles mais dans certains cas la frustration perdure.
Julia a 30 ans et vit depuis cinq ans avec Julie, qui en a 35. Les deux Parisiennes sont mariées, travaillent dans l'édition et ont toujours souhaité avoir un enfant ensemble. La date du 29 septembre 2021 a changé leur vie. "Le jour où le ministre de la Santé a annoncé à la radio que le gouvernement signait la loi. On en a pleuré, se souvient Julia. C'était vraiment important pour nous. J'ai appelé dans la minute pour prendre un rendez-vous." Le décret d'application de la loi bioéthique prévoit, entre autres, cet élargissement de l'accès de la PMA aux femmes seules et aux couples lesbiens. Cette extension de la PMA à toutes les femmes était d'ailleurs l'année dernière la principale revendication de la marche des fiertés, dont l'édition 2022 se déroule samedi 25 juin.
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Depuis 9 mois, le couple enchaîne les consultations et les examens. La première insémination pourrait avoir lieu en septembre. "On y met tellement d'énergie qu'on a changé d'appartement pour avoir une pièce en plus, souligne, enthousiaste, Julia. Plus on s'approche de la fin et plus ça nous paraît long aussi, parce que ça fait des années qu'on attend."
Mais Julia a été chanceuse, car la difficulté pour beaucoup de femmes aujourd'hui, c'est déjà de trouver un premier rendez-vous. Il y a des disparités énormes entre les territoires, de quelques semaines en Île-de-France à plus d'un an du côté de Lyon ou de Montpellier. La PMA pour toutes "est un vrai progrès, assure le docteur Mikaël Agopiantz médecin coordinateur du centre de procréation médicale de Nancy, mais on pourrait faire mieux."
Des tensions concernant le don de gamète
Certains centres ont autant de demandes de PMA depuis l'extension qu'ils en avaient avant sur une année entière, d'où les files d'attente. Une situation qui concerne spécifiquement les couples lesbiens. "La tension sur l'activité de don de sperme a été multipliée par cinq environ, constate le docteur Mikaël Agopiantz. Le don de sperme est restreint actuellement à moins de 30 centres alors qu'il y a 100 centres clinico-biologiques en France."
Il aimerait que tous les centres puissent collecter ces dons. Aujourd'hui, il n'est plus question de discrimination comme au début où on faisait signer des autorisations uniquement aux couples de femmes. Mais la loi pèche par son manque de clarté. "C'est un gros manque qu'on signale depuis plusieurs mois, alerte Céline Cester, la présidente de l'association Les enfants d'arc-en-ciel.
"On souhaiterait y voir clair sur les questions juridiques qui sont liées notamment à la filiation et qui sont vraiment très complexes. C'est encore aujourd'hui à nous de faire le service après-vente de cette loi et de ce dispositif.""
Céline Cesterà franceinfo
Entre des délais très longs et un manque d'informations, des couples continuent de se tourner vers la Belgique et l'Espagne, là où la PMA est plus simple mais payante. En France, les professionnels de santé et les associations remontent ces difficultés au comité de suivi de la loi bioéthique, qui travaille à corriger le tir.
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