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Pour visiter un logement à Paris, mieux vaut avoir un nom français que maghrébin

C'est ce que révèle une étude du CNRS publiée jeudi. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une vue de Paris, le 6 septembre 2006. (JOEL SAGET / AFP)

Des "non" selon les noms. Pour visiter un logement à Paris, mieux vaut avoir un nom à consonance française que maghrébine, révèle une étude du CNRS. Une enquête basée sur un testing mené sur des centaines d'annonces immobilières du parc locatif privé, rendue public jeudi 2 mars.

Entre début avril et fin mai 2016, les chercheurs ont envoyé des messages à 504 annonces immobilières sous quatre profils différents : deux dont le patronyme renvoyait à une origine française, et deux dont le patronyme évoquait une origine maghrébine. Un candidat français et un candidat maghrébin indiquaient être fonctionnaires, laissant présumer d'une stabilité professionnelle et financière.

Les résultats sont sans appel : sur l'ensemble des annonces, le taux de réponse est de 42,9% pour le fonctionnaire français, contre 18,7% pour le Français non fonctionnaire, 15,5% pour le fonctionnaire d'origine maghrébine et 12,9% pour le non-fonctionnaire d'origine maghrébine.

"Une discrimination forte"

"Ces résultats soulignent une discrimination forte et ce n'est pas lié à la capacité de payer des candidats mais à une aversion pour leurs origines", a souligné Yannick L'Horty, directeur de la fédération de recherche travail, emploi et politiques publiques du CNRS, en conférence de presse.

Le Défenseur des droits "est saisi régulièrement de cas de discriminations", dont 6,5% portent sur le logement, a déclaré Sarah Benichou, cheffe de l'unité Accès aux droits et discriminations du Défenseur des droits, citant, par exemple, le cas "très fréquent" d'un jeune Guadeloupéen se voyant refuser une location car ses garants, ses parents, vivent outre-mer.

Mais "ces saisines ne sont que la partie émergée de l'iceberg, regrette-t-elle. Les recours étant très faibles par rapport à l'ampleur des discriminations." "C'est un enjeu extrêmement fondamental, qui touche profondément au lien social", a ajouté Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

"Adapter les politiques publiques"

"Nous avons besoin d'études qui permettent de renseigner [ce phénomène] pour faire de la pédagogie, travailler avec les professionnels et adapter les politiques publiques", a déclaré la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, qui a noué des partenariats avec le Défenseur des droits et SOS Racisme, les soutenant financièrement pour de nouveaux testings. Le Défenseur des droits a, en outre, réalisé des guides destinés aux propriétaires et aux professionnels de l'immobilier.

Dans un communiqué, la Maison des Potes a demandé que les résultats de ces testings soient communiqués au procureur de la République, soulignant que la discrimination raciale est un délit pénal punissable de 45 000 euros et 3 ans de prison pour un particulier et de 225 000 euros pour une agence immobilière.

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