Orpea : "On ne cesse de découvrir des choses effroyables" dans ce groupe, se désole le président de l'AD-PA
La cellule investigation de Radio France révèle jeudi que la centrale suisse d'Orpea exige de ses fournisseurs d’importantes commissions alors que dans certains Ehpad du groupe, le budget repas dépasse à peine 4 euros par jour.
"On ne cesse de découvrir des choses effroyables" avec "les filiales au Luxembourg, en Suisse, des salaires mirobolants, c’est absolument inacceptable", se désole jeudi 19 mai sur franceinfo Pascal Champvert, le président de l’Association des directeurs au service des Personnes âgées (AD-PA), après les révélations de la cellule investigation de Radio France sur les méthodes de la centrale d’achats suisse du groupe Orpea.
>> Commissions élevées, bonus illimité : révélations sur Orpea et sa centrale d’achats en Suisse
Alors que dans certains Ehpad du groupe Orpea, le budget repas dépasse à peine 4 euros par jour, sa centrale suisse exige de ses fournisseurs d’importantes commissions et certains directeurs touche des salaires exorbitants. "Le scandale Orpea va obliger les politiques a enfin comprendre qu’il faut passer plus de temps auprès des personnes âgées" et "il faut faire en sorte que le groupe Orpea rentre dans le rang", explique Pascal Champvert.
franceinfo : Comment réagissez-vous aux nouvelles révélations sur le groupe Orpea ?
Pascal Champvert : On ne cesse de découvrir des choses effroyables concernant cette société : les filiales au Luxembourg, les filiales en Suisse, des salaires mirobolants. C'est absolument inacceptable.
Comment agir pour que ces dérivent cessent ?
Orpea, c'est à peu près 2% des personnes âgées qui vivent en établissement en France. Le secteur commercial, c'est un petit peu plus de 20%. Ce n'est pas le problème en soi qu'il y ait des entreprises commerciales y compris dans l'aide aux personnes âgées. Le problème dans ce secteur est que ces entreprises n'ont pas été contrôlées sur un certain nombre de choses et surtout certaines, extrêmement minoritaires, en l'espèce on parle d'Orpea, procurait aux personnes âgées accompagnées des prestations notoirement insuffisantes à des tarifs qui étaient exorbitants.
Comment on en est arrivé là ?
C'est probablement la cupidité et la stupidité de certains dirigeants. Il y aura des enquêtes, je n'irai pas plus loin sur ce sujet, mais surtout l'État a laissé faire. Pourquoi cette difficulté, on peut la rencontrer dans le secteur de l'aide aux personnes âgées et pas dans l'hôtellerie-restauration ou pas chez les marchands de voitures ? Parce que l'État et les pouvoirs publics font en sorte depuis de très nombreuses années que la qualité des prestations dans l'ensemble de la filière soit insuffisante en ne dotant pas suffisamment les établissements, mais aussi les services à domicile.
Les Français ne se sont malheureusement pas habitués à l'idée qu'on accompagne mal les personnes âgées dans notre pays. Nous espérons que ce scandale Orpea va obliger les politiques à enfin comprendre qu'il faut passer plus de temps auprès des personnes âgées dans les 20% d'établissements commerciaux, mais aussi dans les 80% d'établissements publics et associatifs, et aussi dans les services à domicile.
Mais que peut-on faire concrètement ?
On fait en sorte que le groupe Orpea rentre dans le rang. C'est-à-dire qu'avec les sommes qu'ils font payer aux personnes âgées et aux familles, ils apportent une prestation de qualité et notamment, on les oblige à avoir des normes de personnel minimal et en même temps, on met en place des normes de personnel minimal dans tous établissements et services à domicile. On fait en gros ce que l'État a promis depuis 2006, c'est-à-dire que dans tous les établissements, il y a huit professionnels pour dix personnes âgées. J'ajoute, dans les services à domicile, qu’il y a l'équivalent pour qu'on puisse passer suffisamment de temps auprès de nos aînés.
Vous conseilleriez aux personnes âgées et leurs familles d'intégrer les maisons de retraite du groupe Orpea aujourd'hui ?
Je donnerai comme conseils aux familles et aux personnes âgées de choisir des établissements en se posant des questions sur le rapport qualité-prix. Mais dans notre profession, c'est extrêmement compliqué, tant à domicile qu'en établissement. Cette situation ne pourrait pas arriver dans l'hôtellerie. Pourquoi ? Parce que dans l'hôtellerie, les professionnels et les pouvoirs publics ont travaillé ensemble pour mettre en place le système d'étoiles qu'on connaît tous. Qu'est-ce que faisait Orpea ? Il vendait des prestations, une étoile à un tarif cinq étoiles. Or, nous demandons, un mode très simple d'évaluation des établissements des services à domicile. C'est possible mais l'État le refuse.
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