Maltraitances dans les Ehpad : près de 100 plaintes en cours d'examen contre Orpea, Korian et Domusvi
Au moins 80 plaintes ont été déposées contre le gestionnaire de maisons de retraite Orpea, selon le décompte de franceinfo.
Dans une première version de cet article, nous avons évalué à au moins 60 le nombre de plaintes déposées pour des faits de maltraitances dans les groupes Korian et Domusvi. Des chiffres contestés par Korian. Ces plaintes ne sont à ce stade pas toutes formellement déposées, ce qui nous amène à revoir notre évaluation du nombre total de plaintes de plus de 140 à près de 100.
Près de 100 plaintes ont été déposées contre les gestionnaires d'Ehpad Orpea, Korian et Domusvi ces dernières années et sont encore examinées à ce jour, selon le décompte réalisé par franceinfo vendredi 13 mai. Une grande partie dénoncent des maltraitances institutionnelles et ont été déposées après la sortie du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet en janvier dernier, mais d'autres datent de bien avant, notamment pendant la pandémie de Covid-19.
L'avocate Sarah Saldmann affirme avoir déposé 80 plaintes pour "homicide involontaire", "mise en danger de la vie d'autrui" et "non-assistance à personne en danger" concernant uniquement le groupe Orpea ces derniers mois. À ce jour, le parquet de Nanterre, qui centralise les plaintes dans cette affaire, assure en avoir reçu 55. Il a ouvert une enquête préliminaire pour "maltraitances institutionnelles" à Orpea. Celle-ci s'ajoute à l'enquête préliminaire pour "délit d'initié" ouverte par le parquet national financier (PNF).
D'autres plaintes ont été déposées ou vont l'être pour des faits de maltraitances dans les groupes Korian et Domusvi et sont encore en cours d'examen.
Un millier de signalements pour Orpea
Concernant Orpea, Sarah Saldmann dit avoir des preuves de déshydratation "systémique" de certains résidents. "Les chutes qui ne sont pas prises en charge ou prises en charge beaucoup trop tardivement", détaille l'avocate. "L'amaigrissement, c'est quelque chose de spectaculaire. J'ai les photos avant et après, et ça se voit." "Après, il y a tout ce qui est maltraitance institutionnelle, souligne Sarah Saldmann, ça veut dire des personnes qui sont livrées à elles-mêmes, des personnes que l'on rend incontinentes parce qu'on ne les accompagne pas, des personnes qui sont parfois mises au lit à 16 heures et dont on ne s'occupe pas."
Et ces plaintes ne sont que la partie émergée de l'iceberg, selon l'avocate. "J'ai reçu en tout plus de 1 000 signalements pour Orpea, c'est quand même un chiffre énorme", estime-t-elle, affirmant recevoir "une cinquantaine" de signalements par semaine, par mail, appel ou courrier. Elle est persuadée "qu'on arrivera à beaucoup plus".
"Parmi ces signalements, il y a notamment des salariés qui m'écrivent anonymement pour me dire que la situation n'a pas nécessairement changé de l'intérieur."
Sarah Saldmann, avocateà franceinfo
Des familles de résidents écrivent également à l'avocate. Ils signalent que "les faits sont tout aussi graves actuellement". "Mais malheureusement ces familles-là n'ont pas d'autres solutions pour leur parent, explique-t-elle, et que, dans l'attente de trouver une meilleure solution, elles sont obligées de laisser leur parent chez Orpea."
Toutes ces plaintes et ces signalements prouvent que "c'est une réalité qui existe et qui n'est pas seulement de façon minoritaire dans un Ehpad isolé, dit-elle encore. "J'ai des dossiers dans toute la France et toutes les personnes, affirme Sarah Saldmann, même ceux qui n'ont pas de preuve à l'appui, disent la même chose." "À un moment, toutes les personnes ne peuvent pas mentir".
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