Surmortalité dans les Ehpad privés : "Il y a une forme d'opacité sur les chiffres nationaux", convient le directeur adjoint de l’AD-PA
"Pendant la canicule de 2003, il avait fallu attendre près d'un an avant d'avoir des données fiables", rappelle Éric Fregona.
"Il y a encore une forme d'opacité sur les chiffres nationaux" de mortalité dans les Ehpad, a convenu jeudi 10 février sur franceinfo Éric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA, l’Association des directeurs au service des personnes âgées. Mercredi, devant l'Assemblée nationale dans le cadre des auditions après les révélations du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet sur le groupe Orpea, le député LREM du Rhône Jean-Louis Touraine a assuré qu'"on aurait pu avoir dans notre pays 12 000 morts de moins dans les Ehpad si le système privé adoptait les mêmes règles que le système public". "Nous n'avons pas de chiffres probants à ce stade pour étayer cette analyse", a réagi Éric Fregona, tout en soulignant la nécessité d'"engager des mesures très rapidement".
franceinfo : Que pensez-vous des déclarations de Jean-Louis Touraine ?
Éric Fregona : Nous trouvons ça très étonnant, nous n'avons pas de chiffres probants à ce stade pour étayer cette analyse, mais nous allons écouter et regarder ça. Il y a encore une forme d'opacité sur les chiffres nationaux. En établissements publics, privés ou associatifs, il y a eu plus de recueils de données mais je rappelle qu'il y a tout autant de personnes âgées qui sont accompagnées à leur domicile et dans ce cas-là, les chiffres sont très probants. Pendant la canicule de 2003, il avait fallu attendre près d'un an avant d'avoir des données fiables.
Cette crise doit-elle l'occasion de tout changer ?
Tout à fait. Il va falloir arrêter de parler de dépendance et parler d'autonomie pour avoir plus de dignité à l'égard de ces citoyens. Il faut engager des mesures très rapidement. Nous proposons qu'il y ait deux postes qui soient dégagés dans l'ensemble des établissements de France, peu importe le statut et dans l'ensemble des services à domicile qui sont toujours les grands oubliés. Nous savons qu'il manque de professionnels sur l'ensemble du secteur. On est à six professionnels pour dix résidents en moyenne. Il faut être à huit pour dix dans les meilleurs délais. Il faut une prise de conscience nationale qu'on a pris un retard et il faut une parole forte d'Emmanuel Macron pour dire que maintenant on va changer de cap.
Faut-il changer la structure des établissements ?
Il faut changer notre approche du vieillissement, du grand âge et cela passe par les établissements. Aujourd'hui, il y a 7 000 établissements de type Ehpad. Il ne faut pas les raser mais les transformer. Il y a des modèles très intéressants comme le modèle danois.
"Il faut arrêter de les considérer comme de petits hôpitaux et les transformer en véritable domiciles, avec la préservation des droits des habitations classiques et avec des services de qualité."
Éric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PAà franceinfo
Et pour ça il faut engager un vrai débat sur le financement.
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