En quoi consistent les prisons "à taille humaine" que voudrait voir se déployer Gérald Darmanin à travers le territoire ?
Alors qu'il était en visite dans un centre pénitentiaire de l'Oise mercredi 25 décembre, Gérald Darmanin, nouveau ministre de la Justice, a annoncé vouloir construire des prisons "à taille humaine, un peu partout sur le territoire". Pour Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, il faut aussi s'appuyer sur ce qui existe déjà chez certains de nos voisins européens, sous le nom plus commun de "prison ouverte".
Comment fonctionnent les prisons ouvertes ?
Les prisons ouvertes à taille réduite se trouvent plutôt dans les pays nordiques comme la Finlande, la Norvège, la Suède, mais aussi aux Pays-Bas ou en Suisse. Ce sont des lieux de privation de liberté qui accueillent un faible nombre de détenus. La prison de Sobysogard au Danemark comptait 144 détenus en 2019 et celle de Jyväskylä en Finlande en accueillait 60 en 2022. Dans ce dernier pays, un détenu sur trois vit dans une prison ouverte.
Dans la plupart des cas, ces détenus effectuent des peines courtes ou sont en fin de peine. Un juge évalue également en amont si leur profil est adapté pour ce type de prison. Parmi les critères : la capacité à travailler, à ne pas consommer d'alcool ou de drogue ou encore le risque de récidive.
En quoi ces prisons sont-elles ouvertes ?
Les détenus sont certes contraints de rester à l'intérieur, comme dans une prison classique, mais le dispositif de sécurité est beaucoup plus léger. Il n'y a pas de barreaux aux fenêtres et pas non plus de miradors, de barbelés ou de hauts murs d'enceinte. Dans certaines prisons comme celle d'Asptuna, en Suède, les détenus sont équipés d'un bracelet électronique. Dans celle d'Horserod, au Danemark, les surveillants ne sont pas armés et portent simplement un boîtier d'alarme à la ceinture.
Ce système repose avant tout sur la confiance avec le détenu, avec un objectif de réinsertion. Généralement, les prisonniers ont une obligation d'activité dans la journée, via du travail, des cours ou un parcours de soins. Dans certaines prisons comme celle d'Horserod, les détenus préparent également leurs repas dans une salle commune et nettoient eux-mêmes leur chambre.
Ce modèle pourrait-il être importé en France ?
Oui, selon la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot. Elle propose de construire ces prisons "à taille humaine" en "centre-ville sous les yeux des citoyens parce que cette façon de construire les prisons hors les villes, très loin de tout, dans des no man's land, ça ne donne pas de très bons résultats". D'ailleurs il existe déjà deux prisons ouvertes en France : l'une à Mauzac en Dordogne, compte 360 détenus, l'autre à Casabianda, en Corse, en accueille 126.
Comme chez nos voisins européens, les détenus de ces établissements sont triés sur le volet et travaillent dans les champs autour de la prison. Selon Dominique Simonnot, qui est favorable à l'instauration de prisons ouvertes en France, si on ne démocratise pas plus ce système, c'est un problème de volonté politique.
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