Isolement renforcé des grands narcotrafiquants : "Une annonce choc" mais "inapplicable", estime une avocate au barreau de Paris

Le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin, avait annoncé vouloir isoler davantage les 100 plus grands narcotrafiquants détenus en France samedi 28 décembre.
Article rédigé par franceinfo
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La prison des Baumettes à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 13 février 2021. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Renforcer l'isolement des 100 plus grands narcotrafiquants en prison est une "annonce choc" mais "inapplicable", dénonce Ménya Arab-Tigrine, avocate au barreau de Paris, sur franceinfo jeudi 2 janvier. Cette mesure a été proposée par le nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, actuellement sur le terrain à Marseille pour sa première visite ministérielle de l'année. Il doit notamment se rendre à la prison des Baumettes jeudi après-midi.

"Comment les identifier, sur quels critères ?", interroge l'avocate. "Les seuls à même de répondre à la question 'qui sont les dangers de l'ordre public', ce sont les magistrats qui sont soumis à un certain secret", rappelle Me Arab-Tigrine, "donc la justice ne pourra pas dresser cette liste". De plus, communiquer cette liste des 100 plus grands narcotrafiquants au garde des Sceaux est "anticonstitutionnel", souligne-t-elle. Et de mettre en garde Gérald Darmanin : "On ne peut pas contourner la justice !"

"L'isolement, c'est de la torture blanche"

L'avocate au barreau de Paris relève un autre problème : "Il n'y a pas suffisamment de places" dans les prisons françaises. "Pour l'instant les places à l'isolement, ce sont pour les terroristes", précise-t-elle, "donc il faudrait choisir entre les uns et les autres et on ne peut pas imaginer qu'on choisisse de manière tout à fait autoritaire quelques noms dans une prison sans critères légaux". Au-delà des problèmes logistiques, l'avocate tient à rappeler que "l'isolement, c'est de la torture blanche".

"Ce n'est pas parce qu'on fait une visite à Marseille qu'on trouve des solutions", souligne l'avocate estimant qu'il s'agit d'"un passage obligé" pour chaque garde des Sceaux. "La seule solution c'est qu'on mette des moyens avec des professionnels compétents", appelle Ménya Arab-Tigrine. Un groupe de sept enquêteurs chargés de lutter contre la corruption liée au narcotrafic doit entrer en fonction en ce début d'année. "C'est un peu léger", estime l'avocate même si "c'est un bon début". "On manque cruellement d'hommes pour pouvoir vivre la détention", martèle Ménya Arab-Tigrine.

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