Surpopulation dans les prisons : "Aucun gouvernement" n'a pris "véritablement les décisions qui s'imposent"
Alors que des négociations se poursuivent mercredi entre les syndicats et l'administration pénitentiaire, Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, dénonce sur franceinfo les conséquences néfastes de la surpopulation carcérale.
Les négociations se prolongent mercredi 17 janvier entre les syndicats et l'administration pénitentiaire après deux jours de blocage dans les prisons suite à des agressions de plusieurs surveillants. Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privation de liberté, dénonce sur franceinfo la surpopulation carcérale, qu'elle qualifie de situation "invivable" pour les détenus et pour les surveillants.
Franceinfo : La contestation des surveillants vous surprend-t-elle ?
Adeline Hazan : Elle n'est pas étonnante. Elle vient de loin, elle est ancienne. Cette contestation a lieu dans des établissements extrêmement différents, donc elle a des causes différentes. Dans les maisons d'arrêt où sont détenues des personnes qui ne sont pas encore jugées ou pour des peines de moins de deux ans, il y a une surpopulation massive. Dans toutes les prisons d'Ile-de-France, il y a un taux d'occupation de 200%. Cela veut dire que 3 ou 4 personnes sont dans une cellule de 9 m² avec en général un matelas par terre. Ça veut dire aussi des surveillants en effectif réduit. Des baisses de personnel depuis plusieurs décennies. C'est absolument invivable pour les détenus et pour les surveillants.
Pourquoi n'arrive-t-on pas à régler le problème des prisons en France ?
Aucun gouvernement jusqu'à maintenant n'a pris véritablement les décisions qui s'imposent. A mon sens, la première décision à prendre pour un gouvernement, c'est de faire en sorte que la prison soit le dernier recours. C'est-à-dire que tout ce qui existe comme peines alternatives, le sursis, la mise à l'épreuve, la contrainte pénale, la libération conditionnelle, puisse être véritablement prononcé par les magistrats.
Quelles solutions doit-on mettre en place pour protéger les surveillants contre les agressions ?
Il faut augmenter le nombre de surveillants. Un surveillant pour 100 détenus dans les maisons d'arrêt, ce n'est viable pour personne. Dans les maisons centrales comme Vendin-le-Vieil où il y a eu des incidents, la problématique est complètement différente. Il y a à peu près 120 détenus pour 200 surveillants. C'est une problématique de longues peines, de personnes qui vont être libérées en 2030, 2040, 2050 avec très peu de perspectives.
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