Vidéo Benoît, aumônier de prison, veut "remettre de l'humanité" au centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis

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Un documentaire s'immerge dans le quotidien d'aumôniers en prison.
Le rôle crucial des aumôniers en prison Un documentaire s'immerge dans le quotidien d'aumôniers en prison. (Zadig Productions)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Un documentaire s'immerge dans le plus grand centre pénitentiaire d'Europe, auprès d'hommes de foi qui rendent visite à des détenus.

Soutenir, écouter, conseiller et guider. Telle est la mission des femmes et des hommes de foi qui œuvrent dans les prisons, avec pour principal mot d'ordre : ne jamais juger. Un rôle souvent crucial pour certains de ces détenus, dont la vie a basculé et que l'enfermement tend à fragiliser. Une partie d'entre eux se tourne vers la spiritualité afin de trouver un sens à une existence cabossée. 

Le documentaire intitulé La visite, réalisé par Elodie Buzuel et diffusé sur France 2, dimanche 1er septembre à 10 heures, s'immisce entre les murs du plus grand centre pénitentiaire de France et d'Europe, Fleury-Mérogis. Il suit cinq aumôniers qui accompagnent les détenus. Le film interroge les liens qui se nouent entre eux, ainsi que les limites que peut parfois représenter l'emprisonnement pour certains individus.

Une liberté de choix et de conscience

Homme de foi catholique, Benoît officie à Fleury-Mérogis depuis 2013. Il célèbre la messe, mais surtout tente d'étancher la soif de foi de prisonniers en demande, loin de toute forme de prosélytisme, afin qu'ils retrouvent un peu d'estime d'eux-mêmes. Ces hommes incarcérés "ont [souvent] beaucoup d'interrogations", comme dit l'un des détenus visité par le frère Benoît dans le film, qui laisse le choix à cet homme de poursuivre ou non leurs conversations. "On ne va pas vous dire : 'On revient vous voir la semaine prochaine', explique le frère Benoît à cet homme. Parce qu'on veut respecter votre liberté. Vous avez votre liberté de conscience, et vous n'êtes pas obligé de revoir un aumônier."

Plongés parfois dans une grande solitude, délaissés par leur famille dans un face-à-face souvent douloureux avec eux-mêmes, certains détenus sombrent et attentent parfois à leur vie, alors que d'autres cherchent à se remettre en question et rêvent de sortir de prison, meilleurs qu'ils n'étaient. C'est à leur demande que des aumôniers viennent leur rendre visite, selon une loi datant de 1905 encadrant la laïcité.

"Le choc de la détention est très difficile"

Ces échanges, dans leur cellule, leur lieu de vie, peuvent s'avérer particulièrement précieux pour eux, tant la bienveillance d'une parole est rare dans le monde carcéral. Ils représentent souvent une échappatoire. "Remettre de l'humanité est, pour moi, tout à fait une priorité, confie le frère Benoît. (...) Le choc de la détention est très, très difficile. Il n'y a plus aucun repère. Il n'y a plus de relation. On a tout perdu."

Mais au-delà de ce constat, l'aumônier pointe les errements d'un système judiciaire défaillant, qui envoie en détention des hommes et des femmes qui seraient probablement mieux encadrés dans des services psychiatriques. "La prison est quand même le pis-aller de la crise de l'hôpital psychiatrique. Il y a quand même un constat d'échec de notre société pour en arriver là", estime le religieux. "En prison, (...) il y en a beaucoup qui pourraient être dans d'autres situations qu'en détention", ajoute l'aumônier catholique. Selon le rapport de l'ancien député Bruno Questel, en 2018, la France comptait 1 655 aumôniers des prisons diplômés et agréés, toutes religions confondues.


 Le documentaire La visite, réalisé par Elodie Buzuel, est diffusé dimanche 1er septembre à 10 heures sur France 2 et sur france.tv, dans l'émission "Le Jour du Seigneur".

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