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Pub sexiste du conseil général de Moselle : "Pas de raison de polémiquer"

La campagne de communication utilise des sacs-poubelle en forme de buste féminin, mais aussi masculin, pour inciter les habitants à faire un "régime" pour leurs déchets. L'agence chargée de la campagne ne comprend pas l'indignation suscitée. 

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La publicité du conseil général de Moselle incitant les Mosellans à réduire leur production de déchets. (CONSEIL GENERAL DE MOSELLE / FRANCETV INFO)

Associer corps féminin et déchets n'a pas effrayé le conseil général de Moselle à l'heure d'encourager ses administrés à moins jeter et à mieux trier. Comme l'a expliqué France 3 Lorraine mercredi 5 mars, le département subit une vive campagne de critiques après la publication d'une campagne de communication utilisant un sac-poubelle en forme de tronc de femme, incitant à faire faire un "régime minceur" aux déchets. Une affiche qui a provoqué la colère de notre blogueuse Marie Donzel sur Ladies & Gentlemen. 

A l'origine de la campagne de réprobation, l'association Les Chiennes de garde, dont la spécialité est de pointer du doigt les publicités que ces féministes jugent sexistes. "Nous sommes particulièrement sensibles à des campagnes payées avec de l'argent public, comme c'est le cas ici, explique Marie-Noëlle Bas, la présidente du mouvement. Les élus doivent réfléchir avant d'émettre des messages et des images qui peuvent choquer. On voit clairement un corps de femme démembré, comparé à un déchet, au milieu des ordures, rappelant une image sortie d'un fait divers sordide."

  (CONSEIL GENERAL DE MOSELLE / FRANCETV INFO)

En novembre, "personne ne s'était plaint"

Fin février, ce sont des internautes, non adhérentes, qui ont signalé aux Chiennes de garde la publicité publiée en quatrième de couverture du numéro de février de Moselle Infos, le magazine d'information du conseil général. Rapidement, elle a été dénoncée sur le blog d'une membre de l'association, qui a appelé ses lecteurs à se plaindre directement auprès du département.

"Une seule personne s'est manifestée, assure à francetv info la communication du conseil général, qui se dit "très surprise" par la polémique. "La campagne, avec des affiches et des publicités, a été lancée en novembre 2013, pour mettre en avant la 'semaine de réduction des déchets'. A cette époque, personne ne s'était plaint." Sollicitée par francetv info, Horizon Bleu, l'agence de communication qui a signé la campagne, pointe elle aussi la "récupération politique" de l'affaire.

Dès la naissance de la polémique, amplifiée par un article de Libération, le conseil général a dégainé un communiqué dans lequel il s'est dit "sincèrement désolé" : "Notre seule intention était d’interpeller nos concitoyens."

Version masculine

Une intention qui n'est pas du goût des Chiennes de garde : "Interpeller ? Mais en quoi choquer les gens va-t-il les inciter à mieux trier leurs déchets ?" s'interroge Marie-Noëlle Bas. En plus de son communiqué, le conseil général a fourni une seconde publicité qui faisait également partie de la campagne : on y voit, sur fond bleu, un sac-poubelle en forme de buste masculin. "Il y a une parité homme-femme", se défend Horizon Bleu, n'y voyant "pas de raison de polémiquer". "Ça ne change rien au problème, oppose la présidente de l'association féministe. Buste d'homme ou de femme, ça reste du sexisme. C'est une sexualisation du sac-poubelle, et de très mauvais goût."

 

Pour démentir le sexisme accolé à sa campagne de communication, le Conseil général a également diffusé une seconde publicité mettant en scène un buste masculin. (CONSEIL GENERAL DE MOSELLE / FRANCETV INFO)

Le département de la Moselle assure que la campagne "est finie" et qu'elle ne réapparaîtra plus. L'image a d'ailleurs disparu de la version en ligne de Moselle Infos, où elle apparaissait auparavant en dernière page. Pas de quoi empêcher les Chiennes de garde de porter plainte devant le jury de déontologie publicitaire, instance pourtant sans pouvoir juridique. "On veut que ce genre de publicité soit victime d'un mauvais bouche-à-oreille, un 'bad buzz', expose Marie-Noëlle Bas. L'objectif, c'est que, petit à petit, les agences de pub se réfrènent dans leurs envies de faire des campagnes sexistes et dégradantes."

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